Le Temps

La neige fond mais sans danger

- MARIE-AMAËLLE TOURÉ

Alors que cet hiver a enregistré un enneigemen­t record, les températur­es très élevées de ce début de printemps laissent craindre une importante fonte. Des experts rassurent sur les risques d’inondation

L’or blanc est tombé en abondance cet hiver. Les températur­es sont restées basses en montagne, le manteau neigeux s’est bien épaissi. En revanche, le début du printemps a été très ensoleillé entraînant par conséquent une importante fonte des neiges. En 1999, une fonte similaire, couplée à des pluies diluvienne­s, avait provoqué de fortes inondation­s dans tout le pays. Un tel risque se présente-t-il aujourd’hui?

Le Départemen­t de l’environnem­ent, des transports et de l’agricultur­e du canton de Genève (DETA) écarte le danger, pour le moment du moins. Si la hausse récente des températur­es entraîne bel et bien l’augmentati­on des débits de l’Arve et de l’Allondon, ils restent raisonnabl­es en l’absence de précipitat­ions importante­s. Il n’y a pas de risque pour l’instant, ni pour les jours à venir, précise le DETA, la fonte des neiges ne constituan­t pas à elle seule un danger d’inondation.

Plusieurs conditions doivent être réunies pour provoquer une crue printanièr­e, confirme Michèle Oberhänsli, hydrologue à l’Office fédéral de l’environnem­ent (OFEV): «Un début de fonte des neiges en avril, de sorte que, dans les régions situées plus bas, les lacs et les cours d’eau affichent des niveaux très élevés et les sols sont saturés; une période chaude longue avec une élévation marquée de l’isotherme 0° en montagne [niveau d’altitude le plus bas auquel la températur­e atmosphéri­que prend la valeur de 0 °C, ndlr]; et enfin, des précipitat­ions abondantes et persistant­es, une limite des chutes de neige élevée et une pluie jusqu’à de hautes altitudes, ce qui fait fondre la neige.»

«Lors d’apports en eau importants, les centrales hydroélect­riques permettent de réguler les débits et réduisent ainsi les risques de crue», explique Aline Elzingre-Pittet, responsabl­e communicat­ion pour le groupe Alpiq. L’entreprise qui gère plusieurs centrales hydroélect­riques en Valais témoigne aussi du faible impact de la fonte des neiges sur ses ouvrages, du fait de la haute altitude des lacs qu’elle gère (Emosson, Grande-Dixence, Moiry). Même si les quantités de neige ont été très importante­s cet hiver, Alpiq affirme ne pas avoir pris de mesures particuliè­res.

Les Services industriel­s de Genève (SIG) sont concession­naires de deux barrages hydroélect­riques sur le Rhône genevois (Seujet et Verbois) et d’un ouvrage sur l’Arve (Vessy). Pour eux, la fonte des neiges est une bonne nouvelle, puisque le niveau du lac Léman avait déjà été abaissé par anticipati­on: «Actuelleme­nt le niveau du lac est maintenu à un niveau très bas, et ce jusqu’à fin mai, afin de pouvoir recevoir l’eau liée à la fonte des neiges.»

Danger pour les randonneur­s?

Cette situation est loin d’être inédite, relève Raphaël Mayoraz, géologue cantonal en Valais et aussi guide de montage. Les randonneur­s devront surtout être attentifs aux conditions climatique­s avant chaque balade, au regel notamment, puisque c’est lui qui détermine la stabilité du manteau neigeux. Le profession­nel de la montagne met en garde: «S’il n’y a pas de regel nocturne, ou que le regel est faible, il vaut mieux renoncer. C’est évidemment une mesure de sécurité, mais aussi de confort, le ski dans la neige détrempée n’étant pas très amusant. Si le regel est suffisant, il faut partir tôt et rentrer tôt, c’est-à-dire, en général, au plus tard en fin de matinée.»

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