La Suisse ne veut pas être doublement pénalisée
Berne veut éviter la double peine que constitueraient, à côté des décisions américaines, des mesures de sauvegarde européennes sur les importations d’acier et d’aluminium. Johann SchneiderAmmann est venu lundi à Bruxelles en toucher un mot à Cecilia Malmström
La Suisse espère être exemptée des mesures de sauvegarde que l'Union européenne (UE) pourrait décider dans la foulée des annonces américaines sur les importations d'acier et d'aluminium. C'est le message très clair qu'est venu faire passer lundi le conseiller fédéral à l'Economie Johann Schneider-Ammann à son homologue européenne, la commissaire au Commerce Cecilia Malmström.
Le conseiller fédéral est toutefois reparti de la capitale belge sans «assurance» à ce stade que cela sera le cas et les discussions vont continuer. Mais «l'a priori est positif», a expliqué le Bernois, confiant que l'UE traitera convenablement un pays «ami» et «partenaire».
La Suisse, victime collatérale?
La Suisse s'inquiète depuis plusieurs semaines d'être la victime collatérale des annonces faites par Donald Trump dans ce domaine et de subir en quelque sorte une double peine de la part de son voisin européen, par ailleurs principale destination des exportations suisses d'acier et d'aluminium.
Les Vingt-Huit avaient obtenu en mars une exemption temporaire jusqu'au 1er mai au projet du gouvernement américain de taxer de 25% les importations d'acier et de 10% celles d'aluminium. Une exemption dont ont aussi bénéficié l'Argentine, l'Australie, le Brésil, le Canada, le Mexique ou la Corée du Sud mais pas la Suisse, ni la Chine.
Fin mars, la Commission européenne avait donc décidé de réfléchir à la façon de se prémunir de ces actions américaines, à la fois si l'exemption ne devait pas être reconduite le 1er mai mais aussi au regard des conséquences que pourrait avoir sur son marché une fermeture du territoire américain à l'acier et l'aluminium chinois ou sud-américain, pouvant être potentiellement redestinés à l'UE.
Enquête européenne ouverte
Le 26 mars, elle a donc ouvert une enquête sur l'acier avec une possible décision d'ici à quelques mois sur des mesures de sauvegarde comme des quotas ou des tarifs douaniers. Sur l'aluminium, Bruxelles pourrait aussi décider de mettre en place des mesures de surveillance, visant notamment à demander plus d'informations sur les quantités exportées, étape préalable aux mesures de sauvegarde.
La Suisse s'inquiète pour les deux et aimerait que son partenaire procède à des mesures ciblées, c'est-àdire qui ne la concernent pas. En théorie, l'OMC interdit ces exemptions, les mesures de sauvegarde devant s'appliquer de manière indifférenciée, mais Berne estime qu'elles sont possibles. Cecilia Malmström n'a elle donné aucune indication sur la suite, confirmant simplement que le bloc passait en revue la situation de chaque pays.
Du côté suisse, on espérait en tout cas lundi que la commissaire saurait être sensible au fait de ne pas «ajouter du chaos au chaos», selon les mots d'un proche du dossier, en particulier dans une relation bilatérale convalescente après l'épisode des équivalences boursières.
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