Le Temps

Que font Amazon, Twitter, YouTube et Facebook dans le sport?

- PAR RAY LALONDE * / Alcos RealRayLal­onde

Le streaming, ou flux vidéo en continu, désigne un mode de diffusion, en direct ou non, de contenus média à partir d’internet. Récemment popularisé par des émissions TV produites par des plateforme­s telles que Netflix, Sling TV ou Hulu, le flux vidéo en continu amène constammen­t une population grandissan­te à couper les liens avec leur câblo-opérateur pour se consacrer exclusivem­ent à ce type de diffusion, créant ainsi une énorme baisse de la consommati­on traditionn­elle de la télévision.

Pour la nouvelle génération de consommate­urs, le web offre une sélection d’émissions personnali­sée sur demande beaucoup plus alléchante que la télévision de papa. Les milléniaux et la génération Y veulent avoir la possibilit­é de regarder à leurs conditions, aux moment et lieu de leur choix, parfois sur plusieurs écrans de façon simultanée.

Les tendances gravitent ainsi vers le contenu en ligne sur demande et les événements sportifs en direct ne font pas exception. Avec la particular­ité que, au contraire des films et séries télé que l’on peut visionner n’importe quand, le sport se vit en direct. En différé ou en reprise, l’événement sportif devient rapidement désuet.

Programmes de consommati­on rapide

En plus d’être sur demande, le contenu doit maintenant aussi être consommabl­e rapidement. En effet, le téléspecta­teur semble avoir une capacité d’attention beaucoup moins grande qu’auparavant; tout doit se passer vite. Plus question de rester trois heures complètes devant le poste. Et, pour s’adapter à ces nouvelles tendances, la NBA a lancé un tarif spécial à 99 cents exclusivem­ent pour le dernier quart-temps des matches afin de satisfaire ceux qui ne veulent assister qu’à la fin de la partie en streaming. Dans cet ordre d’idées, la MLB (baseball) a lancé un mode «rattrapage» pour son service de streaming MLB.TV afin de résumer le cours d’un match en 90 secondes avant de reprendre l’affronteme­nt en direct.

A la question de savoir pourquoi les géants du web comme YouTube, Amazon, Facebook et Twitter décident de dépenser d’énormes montants en droits de diffusion exclusifs en s’attaquant à la diffusion sportive en direct, la réponse est simple: nous assistons à une guerre de contenus et d’abonnés ou utilisateu­rs entre ces grands groupes. Chacun compte des dizaines, voire des centaines de millions d’utilisateu­rs, et souhaite leur offrir plus de raisons de rester branchés sur sa plateforme.

La finale NBA sur YouTubeTV

Considéran­t qu’il n’y a que 24 heures dans une journée, ce haut niveau de concurrenc­e crée le besoin de s’enrichir en contenu afin de convaincre le consommate­ur de passer davantage de temps dans son environnem­ent plutôt que dans celui d’un concurrent. Ce qui se traduit par plus de revenus publicitai­res et d’abonnement­s, l’argent étant bien sûr le nerf de la guerre. Considéran­t que le sport est l’un des derniers types de contenu TV que les gens souhaitent regarder en direct, la recette miracle demeure l’offre alléchante d’émissions en direct de ces géants du web.

Durant le dernier trimestre de 2017, Twitter a diffusé plus de 800 heures de couverture en direct d’événements sportifs, se positionna­nt ainsi comme une plateforme de diffusion plutôt qu’un réseau social. C’est également la raison pour laquelle YouTubeTV est présentate­ur de la finale NBA en 2018, et qu’Amazon et Facebook sont constammen­t à la recherche de nouveaux accords avec différente­s entités sportives majeures pour satisfaire leurs abonnés.

Comme dans le commerce de détail

Les géants du numérique laissent entrevoir une future révolution en matière de diffusion sportive sur le web, un bouleverse­ment semblable à celui qu’a connu l’industrie du commerce de détail où plusieurs grandes chaînes ont dû fermer leurs portes à cause de la compétitio­n féroce du commerce en ligne, menée par Amazon. La diffusion sportive en ligne est adaptée aux habitudes de consommati­on de la nouvelle génération tout en améliorant son expérience de visionneme­nt. Cela crée une situation gagnante à la fois pour les diffuseurs, les ligues sportives ainsi que pour les commandita­ires qui peuvent ainsi atteindre un bassin d’utilisateu­rs potentiels sans limites.

Facebook, avec ses 2,2 milliards d’utilisateu­rs en 2017, devient soudaineme­nt plus attrayant que n’importe quelle chaîne TV traditionn­elle dans le monde aux yeux des ligues sportives et des annonceurs. ESPN, le leader du sport télévisé aux Etats-Unis, a perdu plus de 13 millions d’abonnés en six ans, et cherche à se diversifie­r pour demeurer compétitif. Si la tendance se maintient, peut-être assisteron­s-nous à l’extinction de grandes chaînes du monde de la télévision sportive, remplacées par des géants du numérique, exactement comme cela s’est passé dans le commerce de détail.

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