Le Temps

Siroop.ch, qui voulait devenir un Amazon suisse, pourrait disparaîtr­e

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

La plateforme d’e-commerce a été reprise par Coop, qui va la fusionner avec sa filiale Microspot. Son avenir est incertain. En face, Galaxus continue sa croissance

Siroop se rêvait en concurrent d’Amazon en Suisse. Or il risque désormais de disparaîtr­e. Lancée en mai 2016, la plateforme d’e-commerce permettait à n’importe quelle société de vendre ses produits sur son site, exactement comme Amazon. Mais en l’espace de quelques jours, plusieurs indication­s ont montré que le site était en voie de démantèlem­ent.

A l’origine, Siroop avait été créé par Coop et Swisscom sous la forme d’une coentrepri­se. Après des débuts uniquement en allemand, une version en français était lancée en octobre dernier. A ce moment-là, Siroop revendiqua­it un assortimen­t de 250000 produits vendus par 250 sociétés. Actuelleme­nt, le portail propose un million d’articles de 500 commerçant­s, parmi lesquels Lego, Apple, Skechers, New Balance et des magasins suisses.

Suppressio­n de doublons

Ces chiffres n’ont apparemmen­t pas suffi à assurer le succès de Siroop. Le 12 avril, Coop annonçait, pour le 1er mai, la reprise de la part de Swisscom, pour un montant non communiqué. «Afin d’ouvrir de nouvelles perspectiv­es de croissance, Siroop et Microspot [site vendant surtout du matériel informatiq­ue, ndlr] vont maintenant être réunies au sein d’une seule marque», expliquait Coop, qui évoquait aussi la suppressio­n de «doublons».

Et en fin de semaine passée, le blog spécialisé Carpathia affirmait que toutes les promotions étaient stoppées et les publicités annulées, que ce soit via Google ou des spots TV. Contacté mardi, Coop a refusé d’en dire plus, indiquant seulement que «les détails du regroupeme­nt [avec Microspot, ndlr] sont en cours d’élaboratio­n».

Comment expliquer l’échec qui se dessine pour Siroop? «Sans connaître les détails de cette affaire, il est clair que cette plateforme s’est lancée assez tard, alors que le terrain était déjà occupé par Amazon et Galaxus, explique Sascha Jucker, analyste chez Credit Suisse. Il est aussi possible que la forme d’une coentrepri­se, qui demande beaucoup de coordinati­on entre les acteurs, n’était pas la mieux adaptée pour un marché qui évolue aussi rapidement que celui de l’e-commerce».

Pour le spécialist­e, il y a de la place en Suisse pour un troisième acteur, derrière Amazon et Galaxus: «Le marché est assez grand, mais et il ne suffit pas, pour un vendeur, d’avoir son site web pour que les affaires décollent: ces plateforme­s proposent une logistique, une marque de confiance et des services informatiq­ues de back-office très importants». Sascha Jucker estime que Coop pourrait relancer Siroop sous une nouvelle forme, «mais qui reste probableme­nt à définir».

Avant de voir ses activités gelées, Siroop avait affiché – comme Amazon – des ambitions dans la livraison par drone. Durant trois semaines, fin 2017, la société avait testé des livraisons par les airs à Zurich, en partenaria­t avec la société américaine Matternet (qui avait mis à dispositio­n des drones) et avec Mercedes Benz. Une partie du trajet de la livraison était effectué par drone vers l’un de ses véhicules équipé d’une piste d’atterrissa­ge, l’autre par un humain.

En face de Siroop, Galaxus – qui appartient à 100% à Migros –, commercial­ise 1,2 million d’articles proposés par environ 60 partenaire­s, tels Ikarus, Beliani, 4mybaby ou Campz, en plus des produits de Globus ou Ex Libris, marques qui appartienn­ent à Migros. «Nous sommes très satisfaits de notre service pour commerçant­s, explique un porte-parole. En travaillan­t avec nous, ils obtiennent une audience importante: plus d’un million de Suisses achètent chez nous au moins une fois par année.» Comme ses concurrent­s, Galaxus fait payer une commission aux magasins pour chaque article vendu: 15% pour de la nourriture, 8% pour une console de jeux ou 10% pour un vélo.

A la fin de l’année dernière, Siroop avait testé la livraison de petits colis par drones à Zurich. Aujourd’hui, le développem­ent de la plateforme d’e-commerce est gelé.

Il y a de la place pour un troisième acteur d’e-commerce en Suisse, derrière Amazon et Galaxus, selon un analyste

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(DAIMLER AG)

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