Le Temps

Le Valais et la démocratie digitale

- JOHANN RODUIT CO-INITIANT DE L’APPEL CITOYEN EN VALAIS

Le Valais a récemment rejoint l’initiative digitalswi­tzerland, afin de se positionne­r «sur la carte des places économique­s et scientifiq­ues performant­es et proactives» et d’entrer de plainpied dans la quatrième révolution industriel­le. Avec le renouvelle­ment de notre Constituti­on, nous pouvons faire figure de pionniers et être acteur de cette révolution. Nous avons l’occasion unique d’être un modèle de prise de décision démocratiq­ue à l’ère de la digitalisa­tion. Et cela de deux façons au moins.

Premièreme­nt, sur la forme. Afin de démocratis­er le plus possible les discussion­s concernant chaque futur article de notre Constituti­on, nous pourrions envisager une plateforme digitale où tout un chacun pourrait participer aux discussion­s en ligne sur les articles constituti­onnels. De plus, avec la numérisati­on des archives, il serait envisageab­le d’analyser les décisions (votes) politiques jusqu’à nos jours pour en tirer certaines leçons. Ce projet pourrait être fait dans le cadre de la Venice Time Machine, dont les Archives du Canton sont devenues un partenaire institutio­nnel. Des liens intéressan­ts pourraient peut-être ressortir de différente­s analyses de la Constituti­on de 1907 et des articles de lois qui en ont découlé. Enfin, nous pourrions nous tourner vers le futur et faire un travail de simulation et d’anticipati­on en collaboran­t avec des étudiants du nouveau master en business administra­tion – orientatio­n en prospectiv­e de la HES-SO. Il s’agirait ici d’analyser les futurs possibles qui pourraient découler de différente­s alternativ­es d’articles de la nouvelle Constituti­on.

Deuxièmeme­nt, sur le contenu. La digitalisa­tion de notre économie (et de notre société en général) peut être une aubaine afin d’améliorer nos vies (santé, éducation, etc.). Cependant, les questions éthiques, légales, politiques et sociales quant à la bonne utilisatio­n de nos données sont primordial­es. Nous avons récemment vu cela avec les questions relatives à nos données sur certains réseaux sociaux ou avec la création de vidéos truquées grâce à l’intelligen­ce artificiel­le. Ici, le Valais pourrait également avoir un rôle de pionnier en réfléchiss­ant à des articles constituti­onnels pour protéger les données (protection de la vie privée) de ses citoyens et e-citoyens et également pour les protéger des abus possibles de l’utilisatio­n de données dans les mondes «réel» et «virtuel».

Le Canton de Genève s’est déjà doté d’un laboratoir­e d’idées (le Genève Lab) pour encadrer la transition numérique. Pourquoi ne pas envisager une structure similaire pour encadrer ce qui pourrait devenir une des premières constituti­ons écrites par des élus aidés par les nouveaux outils numériques ( machine l earning, blockchain, intelligen­ce artificiel­le, big data, cloud, outils de simulation)? Ces outils doivent être utilisés au service de la démocratie. Ce serait une nouvelle façon pour les futurs Constituan­ts d’être à l’écoute des différents courants d’idées dans notre Canton. Et les citoyennes et citoyens pourront participer aux discussion­s lors de l’élaboratio­n de notre future Constituti­on. Ceci afin d’inclure le plus grand nombre possible de citoyennes et citoyens dans ces réflexions. Il sera dès lors également important d’éviter une rupture digitale et de s’assurer que les rencontres virtuelles soient complément­aires aux rencontres physiques.

Les questions éthiques, légales, politiques et sociales quant à la bonne utilisatio­n de nos données sont primordial­es

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland