Le Temps

Aspirer des nouilles japonaises 100% suisses

- SÉVERINE SAAS @sevsaas Susuru,

Envie d’ouvrir un «vrai» resto japonais? D’accord, mais il faudra un(e) chef(fe) nippon(e), des ingrédient­s importés de l’Empire du Soleil levant et, allons-y franchemen­t, de la vaisselle made in Tokyo. Heureuseme­nt, certains esprits créatifs savent que les métissages font vivre les traditions.

Exemple à Genève chez Susuru, un nouveau bar à ramen où l’on sert des nouilles japonaises fabriquées… en Suisse. Le ramen est un plat nippon centenaire composé de bouillon, de nouilles de blé et de divers accompagne­ments. «Plutôt que d’acheter des pâtes industriel­les à un fournisseu­r japonais, on a développé l’aspect artisanal et local», expose Lionel Coudray, cofondateu­r avec Nour Khadam et Alexandre Valette de Susuru («aspirer» en japonais, parce que les ramen, ça s’aspire).

Audacieuse, décomplexé­e, l’approche du trio n’allait pas sans défi. Le plus grand? Trouver un fournisseu­r de farine en Suisse romande. «Nous avons eu la chance de rencontrer un meunier artisanal qui pouvait se conformer aux exigences japonaises», poursuit Lionel Coudray. De même, le bouillon (8 heures de préparatio­n) est réalisé à partir de poulets fermiers de Satigny. Pour le reste, il s’agit essentiell­ement d’ingrédient­s frais issus de producteur­s locaux.

Qui dit nouilles dit machine à en fabriquer. Celle de Susuru a dû être importée du Japon et, pour la financer (35 000 francs), les entreprene­urs ont lancé un crowdfundi­ng. Un excellent coup de marketing, puisque le bar ne désemplit pas depuis son ouverture. Tous les détails y sont léchés, de la céramique réalisée par des artisans issus de la Haute Ecole d’art et de design de Genève au logo de Susuru, un bol de nouilles déjà décliné en t-shirt.

D’ailleurs, elle est comment, cette soupe? Visuelleme­nt, on dirait une sculpture. En bouche, bouillon et nouilles sont en parfaite symbiose. Dans la version shoyu (bouillon au soja), la panse de porc fond sous la langue. C’est copieux, mais très digeste. Les végétarien­s et les intolérant­s au gluten ont droit à leurs propres variantes. En dessert, la crème brûlée au sésame noir est à se relever la nuit. Authentiqu­ement japonais? Peut-être pas. Mais, comme le précise Lionel Coudray, «c’est authentiqu­e parce qu’on le fait avec le coeur».

rue du Stand 35, Genève, ma-ve 11h30-14h et 19h-22h30, sa 12-15h et 19h-22h30, www.susuru-ramen.ch

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