Le curieux jeu de Rudy Giuliani dans l’affaire Stormy Daniels
L’ex-maire de New York, qui a rejoint l’équipe d’avocats du président, a révélé que Donald Trump avait bien indirectement versé 130 000 dollars à l’actrice porno. Ce dernier l’avait jusqu’ici toujours nié. Pourquoi cette révélation fracassante?
Quelle mouche a piqué Rudy Giuliani? En révélant mercredi soir, sur Fox News, que Donald Trump avait bien versé 130000 dollars à son avocat pour faire taire l’actrice porno Stormy Daniels, l’ex-maire de New York, qui a rejoint l’équipe d’avocats du président, met le doigt sur un acte grave: le mensonge. Donald Trump a dû lui-même concéder jeudi qu’il avait versé cette somme. Or, jusqu’ici, il avait toujours affirmé le contraire.
Pourquoi ce changement subi d’attitude? Donald Trump aurait-il lui-même suggéré à Rudy Giuliani de révéler cette transaction sur son média favori? Ces questions restent ouvertes. Elles mettent toutefois en lumière une chose: Donald Trump est pris en étau. Si ses supposées relations extraconjugales ou accusations de harcèlements ne semblent pas le mettre en difficulté, le fait de mentir est un acte jugé bien plus grave aux Etats-Unis. L’affaire pourrait avoir des conséquences judiciaires et politiques.
L’avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen, a bien versé 130000 dollars à Stormy Daniels. La transaction a eu lieu avant l’élection présidentielle. Stormy Daniels aurait eu une liaison avec Trump alors que celui-ci était déjà marié à Melania. Dans ses tweets explicatifs, le président assure que l’argent versé n’a pas été prélevé sur le budget dévolu au financement de sa campagne. Il se justifie en déclarant que la transaction avait pour but de mettre fin à de «fausses accusations».
C’est Rudy Giuliani qui a allumé la flamme, en semant la zizanie parmi les proches de Trump. Il a souligné que Donald Trump avait remboursé ces 130000 dollars «sur une période de plusieurs mois». ll lui aurait versé entre 460000 et 470000 dollars pour rembourser la somme dédiée à Stormy Daniels ainsi que des «dépenses secondaires». La version de Donald Trump diffère quelque peu. Selon le président, Michael Cohen recevait une avance sur honoraires mensuelle. Désemparée, la porte-parole de la Maison-Blanche a dû admettre n’avoir été au courant de rien avant les interviews de Rudy Giuliani.
Il serait tentant de considérer l’attitude de Rudy Giuliani, habitué aux coups d’éclat, comme un coup de poignard dans le dos de Donald Trump. Mais l’ex-maire assure que l’entente est parfaite, et qu’il n’y a pas «l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette» entre le président et lui. Un tel comportement sans feu vert présidentiel deux semaines seulement après avoir rejoint son équipe d’avocats serait par ailleurs suicidaire. Il pourrait donc s’agir d’une stratégie de communication délibérée de Donald Trump. Pour couper l’herbe sous le pied à la partie adverse et surtout par crainte que le contenu de ses échanges avec Michael Cohen ne finisse par être rendu public.
Au beau milieu de cette communication chaotique, les deux hommes doivent désormais s’atteler à une nouvelle tâche: faire croire que le mensonge n’en est pas un. Ou alors qu’il s’agit d’un mensonge par omission. En faisant entrer son ami de longue date à la Maison-Blanche, Donald Trump doit surtout composer avec un personnage aussi incontrôlable et sans filtre que lui-même, avec une prédisposition à vouloir briller devant les projecteurs. Il pourrait finir, un jour, par s’en mordre les doigts.