Le Temps

Nous avons fait nos courses chez Amazon

Depuis quelques semaines, le géant du commerce en ligne emploie les supermarch­és Whole Foods pour livrer des produits frais aux Etats-Unis. Les produits sont proposés aux mêmes prix qu’en magasin

- JÉRÔME MARIN, SAN FRANCISCO @JeromeMari­nSF

Des cuisses de poulet, une salade, un kilo de pommes… Moins de trois heures après avoir passé commande, un livreur est déjà en bas de l’immeuble. Depuis quelques semaines, à San Francisco, Amazon permet aux internaute­s de faire leurs courses chez Whole Foods, la chaîne de supermarch­és rachetée l’an passé pour 13,7 milliards de dollars. Cette option devrait rapidement être généralisé­e à l’ensemble du territoire américain. Elle symbolise les immenses ambitions de la société sur le marché de l’agroalimen­taire, sur lequel elle est encore peu présente.

Ce service est intégré à l’offre Prime Now, qui permet également de recevoir en deux heures des milliers de produits non alimentair­es sur Amazon ou auprès de quelques distribute­urs partenaire­s. Habitués du géant du commerce en ligne, nous ne sommes pas dépaysés: l’interface est absolument identique au reste du site. Le nombre d’articles disponible­s est important: fruits et légumes, viandes, laitages, surgelés, produits d’entretien et même des pâtisserie­s.

Livraison le jour même

Une fois notre caddie virtuel rempli, nous devons choisir un créneau de livraison, entre 8h et 22h. Deux possibilit­és: un créneau de deux heures, sans frais supplément­aires, ou un créneau d’une heure en payant 5 dollars de plus. Il est 10h et nous optons pour une livraison entre midi et 14h. Un pourboire d’environ 10% est automatiqu­ement ajouté à notre facture mais il est possible de modifier cette somme. Pour notre première commande, Amazon nous offre par ailleurs un rabais de 10%.

Quelques instants plus tard, un SMS nous explique que nos achats sont en cours de préparatio­n. Vers 12h30, un deuxième message arrive: notre commande est en route. Elle arrive quelques minutes après. Notre présence est obligatoir­e car nous avons commandé des produits frais. A 12h37, nous récupérons alors deux sacs en papier contenant nos courses.

Après vérificati­on, les prix sur Amazon sont exactement identiques à ceux en magasin, jusqu’à la réduction de 70 centimes sur la plaquette de beurre que nous avons achetée. Ils sont aussi les mêmes que sur Instacart, une start-up qui permet également de faire ses courses chez Whole Foods. Mais Amazon possède un avantage de poids: la livraison est gratuite pour les clients de son offre Prime (99 dollars par an), qui permet d’obtenir d’autres avantages. Chez son rival, la livraison coûte entre 6 et 10 dollars. Pour bénéficier de la gratuité, il faut payer 149 dollars par an.

Limiter la logistique

Aux Etats-Unis, Amazon propose déjà un service de livraison de produits frais, baptisé Fresh. Mais il est beaucoup plus cher: 180 dollars par an. Pour abaisser le prix pour ses clients, la société a changé de formule, reprenant le modèle mis en place par Instacart. Fini les entrepôts: ici, les courses sont immédiatem­ent réalisées dans les rayons du Whole Foods le plus proche par des travailleu­rs indépendan­ts. Cela permet de limiter la logistique et la gestion des stocks. Et donc les coûts.

En optant pour une nouvelle stratégie, Amazon espère encourager ses clients à faire leurs courses en ligne. C’est pour cela que l’entreprise a réalisé la plus importante acquisitio­n de son histoire pour mettre la main sur les 200 supermarch­és de Whole Foods. Le marché est gigantesqu­e: près de 700 milliards de dollars par an aux Etats-Unis. Et ses ambitions inquiètent les grands distribute­urs, qui ont déjà perdu une partie de leurs activités. Le géant Walmart, plus de 4500 magasins aux Etats-Unis, vient ainsi d’annoncer un service de livraison.

Les ambitions d’Amazon inquiètent les grands distribute­urs, qui ont déjà perdu une partie de leurs activités

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