La «méthode européenne» face aux défis mondiaux
Le 9 mai 1950, Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères, lançait dans un discours à Paris l’idée d’une nouvelle forme de coopération politique en Europe, qui rendrait toute guerre entre les nations européennes impensable. C’était la naissance de l’Union européenne (UE) et chaque année, le 9 mai, nous commémorons la Journée de l’Europe. Nous sommes particulièrement fiers de célébrer la Journée de l’Europe à Genève. Nous croyons en la Genève internationale qui représente un ordre mondial basé sur des règles dont le multilatéralisme est le principe clé.
Une UE forte est plus nécessaire que jamais.
Nous vivons une époque de grande incertitude: l’équilibre mondial du pouvoir change et les fondements d’un ordre international basé sur des règles sont de plus en plus remis en question par de nombreuses nations centrées sur elles-mêmes, motivées par leur propre intérêt à court terme plutôt que tournées vers l’extérieur et engagées à trouver des réponses globales à des questions globales. Le changement climatique constitue un défi pour l’économie et la sécurité d’une grande partie de notre monde. Le respect des droits de l’homme est loin d’être évident. Des dizaines de millions de personnes fuient la guerre, cherchant une chance de survie et une vie meilleure. Le système commercial multilatéral basé sur des règles, incarné par l’OMC, subit une grande pression et le risque d’une spirale de guerre commerciale entre les grandes économies est réel.
Compte tenu de son poids et de son histoire, l’UE est, et restera, un protagoniste majeur dans la protection et le renforcement de l’ordre mondial. L’UE est un acteur important de l’économie mondiale. Elle est un «leader» dans le commerce et les investissements internationaux; c’est également le plus grand donateur d’aide au développement. Nous dépensons plus en coopération au développement et en aide humanitaire que le reste du monde réuni. Les contributions volontaires de l’UE aux fonds et agences de l’ONU représentent la moitié de son budget total. Nous voulons des Nations unies fortes que nous défendons.
Nous avons joué un rôle essentiel dans les objectifs de développement durable des Nations unies dont nous mettons déjà certains en oeuvre. L’aide au développement de l’Union européenne profite déjà à environ 150 pays à travers le monde et est destinée aux nations les plus défavorisées de la planète. Les crises humanitaires pèsent lourd à l’échelle internationale et, en 2017, l’UE a consacré une aide d’urgence de plus de 2,2 milliards d’euros aux personnes dans le besoin à travers le monde. Par exemple, depuis le début du conflit syrien en 2011, l’UE a été le plus grand pourvoyeur d’aide humanitaire pour des millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient le conflit en cours.
Nous estimons fondamental notre rôle de «soft power». Toutefois, considérer l’Europe en tant que puissance exclusivement civile ne rend pas justice à une réalité en évolution constante. Par exemple, l’UE intervient actuellement dans 16 opérations militaires et civiles, déployant des milliers d’hommes et de femmes servant sous le drapeau européen pour la paix et la justice. Ainsi, pour l’Europe, un gant de velours et une main de fer vont de pair.
Nous sommes convaincus que c’est le seul moyen dont nous disposons – en tant qu’Européens et membre responsable de la communauté internationale – de faire face à ces temps difficiles dans l’histoire mondiale. La haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, nomme cette façon de faire «la méthode européenne», le fil conducteur qui guide l’action de l’UE dans les affaires multilatérales. Cette méthode européenne traite l’urgence et le long terme, l’humanitaire, la sécurité et les besoins diplomatiques simultanément. Il s’agit d’une recherche de solutions gagnants-gagnants, dans une approche de coopération et de partenariat. C’est avec fierté que nous représentons cette méthode européenne dans les instances multilatérales à Genève. L’UE continuera de promouvoir et de placer la coopération internationale, les règles commerciales internationales, le règlement pacifique des différends, la coopération au développement, les droits de l’homme et la réponse aux crises humanitaires au coeur de ses politiques extérieures. Aujourd’hui, le 9 mai, nous regardons en arrière avec fierté et vers l’avenir avec espoir.
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Nous dépensons plus en coopération au développement et en aide humanitaire que le reste du monde réuni