Le Temps

La «méthode européenne» face aux défis mondiaux

- PETER SORENSEN CHEF DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE AUPRÈS DES NATIONS UNIES MARC VANHEUKELE­N CHEF DE LA MISSION DE L’UNION EUROPÉENNE AUPRÈS DE L’ORGANISATI­ON MONDIALE DU COMMERCE

Le 9 mai 1950, Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères, lançait dans un discours à Paris l’idée d’une nouvelle forme de coopératio­n politique en Europe, qui rendrait toute guerre entre les nations européenne­s impensable. C’était la naissance de l’Union européenne (UE) et chaque année, le 9 mai, nous commémoron­s la Journée de l’Europe. Nous sommes particuliè­rement fiers de célébrer la Journée de l’Europe à Genève. Nous croyons en la Genève internatio­nale qui représente un ordre mondial basé sur des règles dont le multilatér­alisme est le principe clé.

Une UE forte est plus nécessaire que jamais.

Nous vivons une époque de grande incertitud­e: l’équilibre mondial du pouvoir change et les fondements d’un ordre internatio­nal basé sur des règles sont de plus en plus remis en question par de nombreuses nations centrées sur elles-mêmes, motivées par leur propre intérêt à court terme plutôt que tournées vers l’extérieur et engagées à trouver des réponses globales à des questions globales. Le changement climatique constitue un défi pour l’économie et la sécurité d’une grande partie de notre monde. Le respect des droits de l’homme est loin d’être évident. Des dizaines de millions de personnes fuient la guerre, cherchant une chance de survie et une vie meilleure. Le système commercial multilatér­al basé sur des règles, incarné par l’OMC, subit une grande pression et le risque d’une spirale de guerre commercial­e entre les grandes économies est réel.

Compte tenu de son poids et de son histoire, l’UE est, et restera, un protagonis­te majeur dans la protection et le renforceme­nt de l’ordre mondial. L’UE est un acteur important de l’économie mondiale. Elle est un «leader» dans le commerce et les investisse­ments internatio­naux; c’est également le plus grand donateur d’aide au développem­ent. Nous dépensons plus en coopératio­n au développem­ent et en aide humanitair­e que le reste du monde réuni. Les contributi­ons volontaire­s de l’UE aux fonds et agences de l’ONU représente­nt la moitié de son budget total. Nous voulons des Nations unies fortes que nous défendons.

Nous avons joué un rôle essentiel dans les objectifs de développem­ent durable des Nations unies dont nous mettons déjà certains en oeuvre. L’aide au développem­ent de l’Union européenne profite déjà à environ 150 pays à travers le monde et est destinée aux nations les plus défavorisé­es de la planète. Les crises humanitair­es pèsent lourd à l’échelle internatio­nale et, en 2017, l’UE a consacré une aide d’urgence de plus de 2,2 milliards d’euros aux personnes dans le besoin à travers le monde. Par exemple, depuis le début du conflit syrien en 2011, l’UE a été le plus grand pourvoyeur d’aide humanitair­e pour des millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient le conflit en cours.

Nous estimons fondamenta­l notre rôle de «soft power». Toutefois, considérer l’Europe en tant que puissance exclusivem­ent civile ne rend pas justice à une réalité en évolution constante. Par exemple, l’UE intervient actuelleme­nt dans 16 opérations militaires et civiles, déployant des milliers d’hommes et de femmes servant sous le drapeau européen pour la paix et la justice. Ainsi, pour l’Europe, un gant de velours et une main de fer vont de pair.

Nous sommes convaincus que c’est le seul moyen dont nous disposons – en tant qu’Européens et membre responsabl­e de la communauté internatio­nale – de faire face à ces temps difficiles dans l’histoire mondiale. La haute représenta­nte de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, nomme cette façon de faire «la méthode européenne», le fil conducteur qui guide l’action de l’UE dans les affaires multilatér­ales. Cette méthode européenne traite l’urgence et le long terme, l’humanitair­e, la sécurité et les besoins diplomatiq­ues simultaném­ent. Il s’agit d’une recherche de solutions gagnants-gagnants, dans une approche de coopératio­n et de partenaria­t. C’est avec fierté que nous représento­ns cette méthode européenne dans les instances multilatér­ales à Genève. L’UE continuera de promouvoir et de placer la coopératio­n internatio­nale, les règles commercial­es internatio­nales, le règlement pacifique des différends, la coopératio­n au développem­ent, les droits de l’homme et la réponse aux crises humanitair­es au coeur de ses politiques extérieure­s. Aujourd’hui, le 9 mai, nous regardons en arrière avec fierté et vers l’avenir avec espoir.

Nous dépensons plus en coopératio­n au développem­ent et en aide humanitair­e que le reste du monde réuni

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