#UN JOUR, UN TWEET
Séries industrielles contre cinéma poétique
Thierry Frémaux, c'est le délégué général du Festival de Cannes. Cette année, c'est la 21e fois qu'il est le sélectionneur en chef d'une manifestation dont tout le monde veut être. En 2017, il avait surpris en montrant les premiers épisodes de deux séries: la seconde saison de Top of the Lake, la troisième de Twin Peaks. Il faut dire que derrière elles se cachaient deux anciens lauréats de la Palme d'or, Jane Campion et David Lynch. Lundi, à la veille de l'ouverture de #Cannes2018, Frémaux a lâché, dans les colonnes du Figaro, cet aphorisme: «Les séries, c'est industriel. Les films, c'est de la poésie.» Tout en explicitant le fond de sa pensée: «Il faut dix-huit heures pour raconter une histoire qui tiendrait parfois en deux! […] Game of Thrones, tout le monde en parle mais personne n'est capable de citer le moindre réalisateur.» Les réactions ne se sont pas fait attendre. Les réseaux sociaux ont largement commenté ses propos. On a opposé ici la «liberté sérielle» à l'industrie des films de super-héros, on a raillé là «un ancien qui ne voit pas le monde évoluer».
Choc esthétique
Le format des séries permet de jouer avant tout sur la narration, l'écriture. Il est parfois vertigineux de voir comment les showrunners et scénaristes imaginent un monde en constante expansion. Plus rares sont par contre les séries qui procurent un véritable choc esthétique, sensoriel – en partie à cause de la taille des écrans sur lesquels on les consomme.
Lorsque Frémaux use de l'adjectif «industriel», il est maladroit; mais lorsqu'il parle de «poésie», il a raison: le 7e des arts reste un insurpassable générateur d'émotions.
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