Le Temps

L’avenir d’UPC Suisse, question à 3 milliards

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Liberty Global, propriétai­re du câblo-opérateur helvétique, s’est retiré de plusieurs pays européens. Diverses options s’offrent à lui en Suisse

A qui appartiend­ra UPC Suisse dans quelques mois, voire quelques semaines? Depuis mercredi, cette question agite le marché suisse des télécoms. Ce jour-là, Liberty Global, le groupe américain spécialisé en téléréseau­x qui possède notamment le câblo-opérateur suisse, cédait une partie de ses actifs en Europe. Il est possible que sa filiale helvétique, dont la valeur est estimée à 3 milliards de francs, change de propriétai­re d’ici peu.

L’annonce du rachat par Vodafone d’actifs de Liberty Global pour 21,8 milliards de francs est la plus grande opération survenue ces cinq dernières années sur le marché européen des télécoms. Liberty Global a cédé ses filiales en Allemagne, en République tchèque, en Hongrie et en Roumanie. Il ne reste ainsi à Liberty Global des réseaux qu’au RoyaumeUni, en Irlande, en Belgique, en Pologne, en Slovaquie et, donc, en Suisse.

Fusion avec Salt?

La question d’une vente d’UPC Suisse avait déjà émergé en décembre 2017 lorsque Liberty Global avait cédé sa filiale autrichien­ne à Deutsche Telekom. Plusieurs analystes spéculaien­t déjà sur une cession de la filiale helvétique, d’autant que Liberty Global affiche ensemble, dans ses comptes, les résultats de ses entités autrichien­ne et suisse.

Plusieurs scénarios se dessinent pour UPC en Suisse. En février, des médias évoquaient une fusion entre le téléréseau et Salt. Si mariage il devait y avoir, UPC pourrait apporter 1,17 million de clients abonnés à son service de télévision et 738000 clients pour l’accès à internet. Salt, de son côté, revendique 1,22 million d’abonnés à son service de téléphonie mobile. Propriétai­re de Salt via sa filiale NJJ Capital, l’homme d’affaires français Xavier Niel pourrait tenter le pari et s’emparer d’UPC.

Initiative américaine

Mais l’opération pourrait lui coûter 3 milliards de francs – la valeur estimée d’UPC –, alors que Salt est déjà endetté à hauteur de 2 milliards. Et ce dernier, qui a récemment lancé des services de télévision et d’accès à internet sur les réseaux de fibre optique, n’a plus l’urgence de s’allier à un acteur du marché fixe. En mars, l’agence Bloomberg parlait d’une fusion entre UPC et Sunrise. Une opération démentie début mai par le directeur de ce dernier, qui précisait cependant à l’agence AWP que «si un jour une consolidat­ion intervient sur le marché suisse, nous serons en bonne position».

Si ni Salt ni Sunrise ne feraient le premier pas, Liberty Global pourrait prendre l’initiative. Car avec les 21,2 milliards de francs reçus de Vodafone, le groupe pourrait être agressif et tenter de racheter un de ces opérateurs. «Nous nous attendons à ce que Liberty GLobal utilise ces fonds pour accroître sa position dans certains marchés, au RoyaumeUni ou en Suisse», affirmait cette semaine un analyste de la société de recherche CCS Insight à Bloomberg.

L’option de la bourse

Autres scénarios: que Liberty Global, qui ne perçoit plus la Suisse comme un marché porteur, cède sa filiale suisse à un fonds d’investisse­ment ou qu’il l’introduise en bourse. En 2005, UPC, qui s’appelait encore Cablecom, devait d’ailleurs entrer en bourse. Mais quelques jours avant l’opération, Liberty Global s’en emparait en déboursant 2,85 milliards de francs.

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