Saint-Gobain renonce à prendre le contrôle de Sika
Sika, Saint-Gobain et la famille héritière Burkard ont résolu vendredi le bras de fer qui les opposait depuis près de trois ans et demi sur la prise de contrôle du groupe zougois par la société française
L’affaire Sika a trouvé son épilogue après plus de trois ans de conflit. L’entreprise française de matériaux de construction Saint-Gobain renonce à prendre le contrôle du groupe zougois de spécialités chimiques, mais en devient le premier actionnaire.
Les protagonistes mettent un terme à l’ensemble des procédures judiciaires en cours. Les deux groupes souhaitent désormais étendre leurs relations tout en préservant l’indépendance de chacun.
Saint-Gobain a acquis pour 3,22 milliards de francs la holding Schenker-Winkler (SWH) de la famille Burkard, les héritiers des fondateurs de Sika. Ce montant représente une hausse de plus de 500 millions par rapport au prix d’acquisition convenu en décembre 2014.
«Issue très positive»
Le groupe français a cédé dans le même temps une participation de 6,97% dans Sika à la firme zougoise pour 2,08 milliards de francs et s’engage à conserver les 10,75% restants pour un minimum de deux ans. Ce montant inclut une prime de 795 millions de francs par rapport au cours de bourse du 4 mai.
«C’est une issue très positive, tant d’un point de vue financier que stratégique», affirme le patron de Saint-Gobain Pierre-André de Chalendar. Le groupe dégage ainsi «un résultat net positif de plus de 600 millions d’euros pour (ses) actionnaires», tout en conservant «une participation minoritaire dans une belle société».
Les deux entreprises se sont entendues sur des plafonds de détention à hauteur de 10,75% du capital pendant quatre ans, puis de 12,875% pendant les deux années suivantes. Interrogé sur ses intentions – solder l’aventure avec une sortie définitive de Sika dans deux ans ou la poursuivre avec une montée au capital dans six – Pierre-André de Chalendar a répondu que toutes les options restaient ouvertes.
Le président du conseil d’administration de Sika, Paul Hälg, et le directeur général, Paul Schuler, ont estimé que «cette solution permet d’amorcer un nouveau chapitre de (leur) réussite» et que «l’introduction d’une structure de gouvernance moderne fournira à Sika une base solide pour accélérer sa croissance».
Simplifier la structure
Sika va organiser le 11 juin une assemblée générale extraordinaire en vue de créer une catégorie unique d’actions, de supprimer la clause controversée d’opting-out et la limitation statutaire de transfert des titres à 5%. Les actionnaires se verront également proposer l’annulation des 6,97% d’actions acquises auprès de SWH.
Fort de la résolution de ce litige, le groupe veut définir de nouveaux objectifs financiers dès l’année prochaine, a annoncé Paul Schuler. Des acquisitions sont également envisageables, l’entreprise disposant «de la puissance de feu nécessaire».
Revenant sur la participation que Saint-Gobain détient à présent dans Sika, le président Paul Hälg a affirmé qu’il s’agissait d’une participation purement financière. Le groupe n’est pas représenté au conseil d’administration, les représentants de SWH ayant démissionné de l’organe de surveillance.
L’origine du litige remontait à décembre 2014. La famille Burkard avait alors accepté de Saint-Gobain 2,75 milliards de francs en échange de ses parts dans Sika, qui se montaient à 16,1% du capital, mais représentaient 52,4% des droits de vote.
L’action s’envole
En pratique, Saint-Gobain pouvait ainsi prendre le contrôle de l’entreprise sans avoir à lancer d’offre publique d’achat grâce à la clause d’opting-out.
La direction et une majorité du conseil d’administration de Sika s’étaient opposées à cette transaction et avaient bloqué l’opération. Les adversaires s’affrontaient à coups de procédures devant les tribunaux, mais aussi de résolutions durant les assemblées générales visant à bloquer les décisions de l’un ou l’autre camp.
L’action Sika a bondi à la bourse suisse après l’accord avec Saint-Gobain. Le titre a gagné 8,33% vendredi.
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