Christophe Honoré, nostalgie douce-amère
Le réalisateur français présente un beau film romanesque, «Plaire, aimer et courir vite», dans lequel il revisite sa jeunesse de Breton rêvant de Paris
Plaire, aimer et courir vite est le onzième long métrage de cinéma de Christophe Honoré, et c'est aussi son oeuvre la plus personnelle à ce jour – bien plus encore que Les chansons d'amour (2007). On y suit l'éducation sentimentale d'Arthur (Vincent Lacoste, talent immense), jeune étudiant breton tombant amoureux d'un écrivain parisien plus âgé, Jacques (Pierre Deladonchamps, tout en romantisme retenu), luimême meilleur ami d'un journaliste, Mathieu (Denis Podalydès, surprenant et bouleversant).
Le sida est un rapace
Or Christophe Honoré est un Breton monté à Paris, devenu cinéaste, critique et écrivain. Il est aussi dramaturge et présentera à la rentrée une pièce elle-aussi d'inspiration autobiographique, Les idoles, au Théâtre de Vidy.
Arthur tombe donc amoureux de Jacques. Il est jeune, curieux et fougueux, a faim d'amour et de rencontres. Jacques est, lui, déjà désabusé. On est en 1993 et le sida est un rapace qui se repaît de ses amis.
Il y a une année, ici même à Cannes, 120 battements par minutes faisait sensation. Il y était question de militantisme, c'était un film de combat, qui parlait en quelque sorte de la face publique de la maladie.
Plaire, aimer et courir vite, c'est, à l'opposé, un film intime. Il est d'autant plus émouvant qu'il n'impose aucun point de vue. Seuls comptent les personnages, les petites histoires avant la grande. Le montage est leste, musical, porté par une bandeson quatre étoiles. Le récit est certes intime, mais aussi fabuleusement romanesque.
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