Le plus fort, c’est The Rock
Cannes et son tapis rouge. On a parfois l'impression qu'il y a, derrière la tradition de la montée des marches, un concours d'ego. C'est à qui y paraîtra le mieux, verra son nom le plus hurlé par le public en quête d'autographes puis par des dizaines de photographes espérant tous avoir un meilleur cliché que les autres – je n'ai jamais compris pourquoi il y en avait autant alors que finalement, ils diffusent tous les mêmes images. Ce samedi, dans un acte symbolique, la montée des marches sera 100% féminine. Aucun smoking en vue, alors qu'il y a douze mois encore, Harvey Weinstein paradait au milieu des robes échancrées et des décolletés.
Au concours d'ego, Weinstein était champion toutes catégories. Il se croyait tellement puissant qu'il pensait pouvoir tout acheter, l'intimité puis le silence d'une actrice comme une Palme d'or ou un Oscar. Il a fini par tomber de son piédestal, sa chute provoquant un véritable tsunami au sein d'une industrie qui en avait grandement besoin afin de remettre en question un mode de fonctionnement encore trop souvent machiste. Alors qu'il suffit d'errer dans les couloirs du Marché du film cannois pour s'apercevoir que de très nombreux producteurs sont des productrices.
Dwayne Johnson, lui, n'a pas (encore) été aperçu à Cannes. Alors qu'actuellement, le roi d'Hollywood, c'est lui. A l'affiche de
Rampage, fabuleux nanar dans lequel il arbitre un combat entre un gorille, un loup et un alligator géants, il est désormais l'acteur le mieux payé du monde. D'abord catcheur sous le nom de The Rock, le Californien a commencé sa carrière en Roi Scorpion, dans Le retour de la momie en 2001, avant de se bâtir une filmographie que je qualifierais, pour rester décent, d'erratique.
Dwayne «The Rock» Johnson trône donc au sommet de la pyramide hollywoodienne, quand Harvey Weinstein erre quelque part dans un purgatoire qu'il n'est pas prêt de quitter, ses péchés ne pouvant être expiés. Johnson, de son côté, a été l'un des premiers à afficher son soutien au mouvement
#MeToo, estimant que derrière son statut de superstar, il y a aussi des devoirs – on pourrait aussi dire un cerveau derrière les muscles. Une journaliste a même inventé une méthode destinée à prévenir le harcèlement qu'elle a baptisée «The Rock Test». Le principe est simple: adressez-vous à une femme comme vous vous adresseriez à Dwayne Johnson. Weinstein a produit des chefs-d'oeuvre, The Rock n'a aucun grand film à son actif. Mais aujourd'hui, le plus fort, c'est lui.