Le Temps

Harcèlemen­t sexuel: éduquer plutôt qu’isoler

- S. K.

Quatre viols et 23 agressions sexuelles en 2017. Un bilan cauchemard­esque qui a contraint le festival Bravalla à annuler sa prochaine édition. En Suède, l’insécurité des femmes dans les événements musicaux et festifs atteint un niveau critique. A tel point que la première manifestat­ion réservée à un public féminin ou non binaire aura lieu cet été.

En Suisse, la situation ne justifie pas de mesures aussi drastiques, mais laisse encore à désirer. Une étude lausannois­e révèle que 75% des femmes ont déjà été victimes de harcèlemen­t. Après la rue et les parcs, les boîtes de nuit, les bars et les salles de concert arrivent en deuxième position sur la liste des lieux à risque. Soucieuse d’assainir le monde du clubbing et des musiques actuelles, Albane Schlechten et Dominique Rovini ont créé le label We Can Dance It.

Elles intervienn­ent directemen­t auprès des établissem­ents en proposant des formations ciblées pour accompagne­r la transition vers une mixité totale des artistes et des métiers, de la programmat­ion au bar en passant par les équipes techniques. Avant de gérer son public, il faut pouvoir montrer l’exemple. «Parfois, c’est la notion même de sexisme qui n’est pas claire, expliquent Albane Schlechten et Dominique Rovini. Tout le monde ne place pas les limites au même endroit. En identifian­t les problèmes récurrents, nous donnons les outils nécessaire­s pour que les établissem­ents puissent les adapter à leurs besoins et à leur tour s’engager auprès de leur public.»

La Gravière, Decibell, le Zoo, Voisins (Genève), le Romandie (Lausanne) et la Case à Chocs (Neuchâtel) ont déjà signé leur charte et sont parés pour répondre aux manifestat­ions de sexisme. «Le label We Can Dance It indique qu’on ne peut pas se comporter dans ces soirées comme on le ferait ailleurs. Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de problème, mais la problémati­que est prise en compte: on peut se sentir légitime pour solliciter de l’aide ou signaler un problème.» A quand le boycott des établissem­ents réfractair­es?n

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