Le Temps

«Asako», à la recherche de l’amoureux perdu

- S. G.

Révélé il y a trois ans à Locarno, Ryusuke Hamaguchi accède à la compétitio­n cannoise avec un film plaisant mais mineur

Le titre du nouveau film de Ryusuke Hamaguchi, Asako I & II, laissait présager un long récit. D'autant plus qu'il y a trois ans, avec Happy Hour, le Japonais racontait les destins croisés de quatre amies en 317 minutes. Ce long métrage tirait sa force de sa durée, la lenteur transcenda­nt la superficia­lité de certains enjeux, et lui avait valu, au Festival de Locarno, une mention spéciale, tandis que ses quatre actrices se partageaie­nt le Prix d'interpréta­tion féminine.

C'est à n'en pas douter cette exposition tessinoise qui a valu à Hamaguchi une invitation cannoise, où Asako I & II concourt pour la Palme d'or. Surprise, le film dure deux heures. On y découvre Asako qui, d'un regard échangé au ralenti avec Baku dans une séquence digne d'une série pour ados, tombe éperdument amoureuse. Lorsque le jeune homme se volatilise­ra, Asako quittera Osaka pour Toyko afin de l'oublier. Ce qu'elle fera dans les bras de Ryohei… qui lui ressemble de manière troublante.

Un air de «Vertigo»

Le film est adapté d'un roman de Tomoka Shibasaki, et d'une certaine manière il renvoie au Vertigo de Hitchcock. Mais point ici de sous-texte psychanaly­tique, le récit, très japonais dans son économie et sa délicatess­e, avançant très simplement. La seconde partie, qui rappelle le romanesque de chambre du Coréen Hong Sang-soo, est la plus intéressan­te. Mais même si la mise en scène de Hamaguchi est élégante, refusant toute sur-dramatisat­ion et en disant beaucoup à travers de petits détails, comme le regard d'un chat, Asako I & II n'en reste pas moins une oeuvre mineure.

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