Des Suisses dynamisés par la Silicon Valley
En septembre, les fondateurs de trois start-up romandes, 1Drop, EcoRobotix et OneSky (Involi), s’immergeaient une semaine dans la Silicon Valley. Aujourd’hui, ils expliquent comment cette expérience leur a permis de faire croître leur société
Elles ont non seulement survécu, mais aussi grandi et sont sur le point de lever plusieurs millions de francs. «Elles», ce sont trois start-up romandes que Le Temps avait accompagnées, fin septembre 2017, durant une semaine dans la Silicon Valley. Les fondateurs de 1Drop (Neuchâtel), EcoRobotix (Yverdon) et OneSky (Lausanne) avaient remporté le concours StartUp Challenge organisé par Swisscom, qui leur avait permis de rencontrer des investisseurs, des coaches en entrepreneuriat et des partenaires commerciaux.
Huit mois plus tard, Le Temps a retrouvé, à Renens, non loin du siège de OneSky – rebaptisé entre-temps Involi –, les responsables de ces sociétés. A entendre Luc Gervais (1Drop), Aurélien Demaurex (EcoRobotix) et Manu Lubrano (Involi), attablés autour d’un kebab ce mercredi, le bain dans la Silicon Valley leur a permis d’accélérer la croissance de leur société.
1•1DROP, BIENTÔT DANS L’ESPACE
Fondée en 2012, 1Drop développe un instrument capable de détecter des maladies à partir d’une goutte de sang. «J’ai rencontré dans la Silicon Valley des dizaines d’investisseurs, dont certains ont des antennes en Suisse. Plusieurs d’entre eux devraient participer à notre levée de fonds actuelle. Les rencontres en Californie ont été très profitables», explique Luc Gervais, fondateur et directeur. 1Drop cherche actuellement à lever 5 millions de francs pour terminer le développement de son produit et lancer une phase commerciale fin 2019 en Europe de l’Ouest.
Avant cela, 1Drop (qui compte sept employés) devrait, fin 2018, envoyer son appareil dans l’espace. La société neuchâteloise a signé avec la NASA pour que son instrument soit expédié à bord d’une fusée SpaceX dans la Station spatiale internationale pour être testé en microgravité par les astronautes.
En parallèle, des essais sont effectués au Massachusetts General Hospital, aux Etats-Unis, et avec deux des plus gros acteurs pharmaceutiques au niveau mondial. «Ces résultats sont le fruit de plus de deux ans de contacts, poursuit Luc Gervais. Multiplier les rencontres aux Etats-Unis permet de se confronter à des spécialistes qui ne font pas de cadeau, qui nous poussent à être meilleurs. Et c’est payant.»
2•ECOROBOTIX VA LEVER DES MILLIONS
Spécialisée dans des robots autonomes qui désherbent les champs, EcoRobotix est sur le point de lever une dizaine de millions de francs. La société avait levé, depuis sa création en 2011, 3 millions de francs. «Dans la Silicon Valley, nous nous sommes trouvés face à certains investisseurs extrêmement durs, qui nous questionnaient de manière pointilleuse sur nos chiffres, se souvient Aurélien Demaurex. Cela m’a permis d’améliorer sensiblement mes présentations et cela nous a bien aidés pour cette levée de fonds.» Son officialisation doit intervenir dans les prochaines semaines.
Forte de 17 employés, la société va utiliser l’argent pour entrer dans une phase commerciale qui doit intervenir début 2019. «Nous allons d’abord attaquer les marchés suisse et français, avant de nous lancer, dans un deuxième temps, dans le reste de l’Europe, poursuit Aurélien Demaurex. Afin de nous étendre ensuite au reste du monde, notre but serait de développer des robots nettement plus rapides pour les cultures à plus large échelle, comme le maïs ou le soja, que l’on trouve beaucoup en Amérique par exemple. Cela nécessitera davantage de développement.»
EcoRobotix a aussi utilisé sa semaine dans la Silicon Valley pour tisser des liens avec Swisscom. Ainsi, la société pourrait effectuer des tests, avec l’opérateur, pour le futur réseau 5G de téléphonie mobile. «Actuellement, nous devons limiter le volume de données envoyées par nos robots. La 5G nous permettra de beaucoup mieux communiquer avec eux», souligne l’entrepreneur.
3•INVOLI COUVRE LA SUISSE ROMANDE
En l’espace de huit mois, Involi, créée en 2017, est, elle, passée de 3 à 6 employés. Et surtout, son système anti-collision entre drones et avions a été déployé sur quasiment toute la Suisse romande. La société de Manu Lubrano est celle qui a le plus profité de ses contacts avec Swisscom. «Nous avons pu installer notre système de détection sur plusieurs antennes de l’opérateur, ce qui nous permet de couvrir plus de 8000 kilomètres carrés en Suisse et de surveiller l’ensemble du trafic aérien, explique l’entrepreneur. Il s’agit pour nous d’une excellente vitrine pour montrer l’efficacité de notre système.»
1Drop a signé avec la NASA pour que son instrument d’analyse médicale soit expédié dans la Station spatiale internationale
Depuis septembre dernier, Manu Lubrano multiplie les allers-retours entre la Suisse et les EtatsUnis. «Je continue à rencontrer beaucoup d’investisseurs, et certains pourraient participer à notre tour de table actuel – nous cherchons à lever 4 millions de francs. Ces voyages sont aussi l’occasion de rencontrer plusieurs partenaires potentiels, notamment des opérateurs télécoms, pour exporter notre modèle dans d’autres pays. Je retourne d’ailleurs ce vendredi aux Etats-Unis.»
En parallèle aux contacts qu’il multiplie pour exporter sa technologie, Involi va continuer à développer son système ces prochains mois. La société est aussi en discussion avec d’autres sociétés développant des systèmes anti-collision pour de possibles collaborations.
Selon les statistiques suisses, le taux de survie d’une start-up est de 80% après un an et de moins de 50% après cinq ans. Le Temps reprendra contact avec ces trois start-up fin 2018 pour effectuer un nouveau bilan.
▅