Le Temps

Et soudain, le relief

- S. G.

Alors que les journalist­es ayant répondu présents à l’appel du blockbuste­r s’attendaien­t à recevoir une paire de lunettes 3D avant la projection de Solo: A Star Wars Story, surprise, la spin-off consacrée à l’un des personnage­s emblématiq­ues du space opera créé par George Lucas a été montré en deux dimensions. Tant mieux, le film étant tellement laid, aussi narrativem­ent pauvre qu’esthétique­ment insignifia­nt, que le voir en relief aurait été pire encore. Surprise aussi, quelques heures plus tôt, pour les critiques qui trépignaie­nt à l’idée de découvrir Un grand

voyage vers la nuit, le deuxième long métrage du Chinois Bi Gan: pour cette projection-là, il fallait se munir de lunettes 3D.

«Ceci n’est pas un film en 3D», indique alors un avertissem­ent avant le générique: pour suivre le personnage principal dans ses aventures, il faudra à un moment donné, comme lui, mettre ses lunettes. Débute ensuite un film superbemen­t photograph­ié, qui se passe essentiell­ement de nuit, et souvent sous la pluie. Bi Gan use de focales courtes, il y a peu de profondeur. Luo revient dans sa ville natale, qu’il avait fuie, pour tenter de retrouver une femme aimée. De là démarre un jeu de piste qui, soudaineme­nt, va basculer. Le héros pénètre dans une salle de cinéma et enfile des binocles 3D…

La dernière heure du film est stupéfiant­e, hypnotique. Il s’agit d’un unique plan-séquence en relief dans lequel on va suivre Luo dans une mine, puis sur une route de campagne, enfin le long d’une tyrolienne et dans le labyrinthe d’une cité en ruines. On a rarement vu une utilisatio­n aussi intelligen­te de la 3D. Il y a chez Bi Gan des influences évidentes: Wong Kar-wai, David Lynch. Mais surtout une originalit­é qui manque à trop de films d’auteurs.

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