SÉRIE B DES NAVETS DANS LE PIPELINE
Un doux visage blond se tourne vers la rive; sous la surface rougeoie un squelette aux griffes acérées de harpie. Cette image effrayante occupe une pleine page du Hollywood Reporter. C'est l'affiche de La sirène – Lac des morts, de Svyatoslav Podgaevsky. Debout hilare, sur un pinceau géant auquel s'agrippent une foultitude de petites créatures maléfiques, Jackie Chan présente Le chevalier des ombres, soit une comédie fantastique «entre le yin et le yang»… Les revues professionnelles abondent en réclames bigarrées pour des films qui fleurent bon la série B. Il y en a pour tous les goûts. De l'horreur à foison, à l'image de Discarnate qui exhibe un spectre terrible comme la selve obscure, du space op (Star Raiders), de l'action (T-34, vanté comme «Fast & Furious avec des tanks»), de la fantasy autour d'un fameux malabar biblique (Samson), de l'animation en pagaille… En vente ou en développement, ces produits réalisés et interprétés par des inconnus, des seconds couteaux et des tâcherons sont estampillés made in America, mais aussi de plus en plus made in Russia et made in China. Tous n'arriveront pas sur nos écrans, tous ne verront pas même le jour. Qu'ils aient existé à l'état virtuel, qu'ils aient été l'enjeu de tractations commerciales suffit à notre bonheur car cela démontre la puissance illimitée de l'imagination.
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