Le fils d’Ueli Maurer n’aura pas droit à un procès secret
Malgré les recours de son avocat, le fils cadet du conseiller fédéral zurichois sera jugé, pour conduite en état d’ébriété notamment, lors d’une audience ouverte aux journalistes
Il n’y a pas d’exception qui tienne, même quand on s’appelle Maurer. Le fils cadet du conseiller fédéral zurichois l’a appris à ses dépens, au terme d’une procédure judiciaire qui aura duré plusieurs mois.
Responsable d’un accident de voiture pour lequel il sera prochainement jugé, celui-ci réclamait l’an dernier un procès à huis clos, loin des faisceaux médiatiques. Une demande que le Tribunal fédéral a fini par balayer dans un jugement révélé dimanche par la SonntagsZeitung, puis par l’ATS.
Les faits remontent au 9 novembre 2015. Alors âgé de 18 ans, le cadet des six enfants d’Ueli Maurer, sous l’influence de l’alcool, perd le contrôle de sa Subaru et percute le mur d’une résidence de Wernetshausen, village zurichois où réside la famille.
Si le conducteur s’en sort avec des blessures légères, les dégâts matériels se montent à plus de 10000 francs. En plus de l’ivresse au volant, le cadet Maurer est accusé de menaces et violences à l’encontre de fonctionnaires.
Traitement particulier
Bien que gênante, l’affaire aurait pu passer relativement inaperçue, l’accusé ayant reconnu les faits. C’était compter sans la demande surprenante de l’avocat du jeune homme, Michael Wicki, qui réclame pour son client un procès «secret»: audiences fermées au public comme aux journalistes, et communication rudimentaire quant aux infractions commises et au verdict.
Pour justifier ce traitement particulier, Michael Wicki invoque le respect de la personnalité du jeune Maurer. «Il a le droit à sa sphère privée, comme n’importe quel autre citoyen», déclare l’avocat à la SonntagsZeitung, précisant qu’être le fils d’un conseiller fédéral ne fait pas de son client un personnage public, et que la divulgation de ces informations risquerait de lui faire perdre son emploi.
L’argumentaire n’ayant pas convaincu les instances cantonales, il est porté par le fils Maurer jusqu’au Tribunal fédéral… sans succès. D’abord parce que les huis clos font office d’exceptions, destinées en général à protéger une victime. Surtout, le TF estime qu’il y a un intérêt public prépondérant à rendre compte d’une telle procédure. «Ce n’est qu’ainsi qu’on peut atteindre un contrôle judiciaire efficace aux yeux du public», écrit-il. Si la date du procès n’est pas encore connue, les journalistes y seront donc bien conviés. Le prévenu, quant à lui, dit songer à quitter la Suisse à l’issue de la procédure.
Cannabis dans le jardin familial
Ce n’est pas la première fois que le cadet de l’UDC zurichois fait parler de lui. En 2014, il était interpellé par la police en possession de cannabis, contrôle auquel il aurait d’abord essayé de se dérober. Dix ans plus tôt, Ueli Maurer était déjà sous le feu des critiques après la découverte de plants de marijuana dans le jardin familial. Un épisode de nouveau attribué à ses enfants, que le conseiller fédéral a pour l’essentiel refusé de commenter.