Immortalité numérique… et biologique?
DR JEAN MARTIN, ÉCHANDENS (VD) Votre article sur la vie après la mort sur internet (LT du 15.05.2018) illustre un des avatars de la digitalisation galopante de la société. Les technologies nouvelles apportent des possibilités inouïes dans la vie quotidienne, en médecine et dans tant de domaines, mais ont aussi des effets auxquels on ne s’attendait guère. […] Dans un ouvrage qui vient de paraître (Les grandes questions de bioéthique au XXIe siècle), le professeur poitevin Roger Gil écrit: «La firme Google est totalement engagée dans la perspective de l’immortalité numérique, avec depuis 2012 Ray Kurzweil, figure emblématique du transhumanisme. […] L’immortalité numérique est aussi un moyen d’affranchir l’homme d’un corps qui l’emprisonne. Et elle n’a nul besoin de faire des hypothèses sur l’existence et le destin de l’âme.» Et Roger Gil de relever les démarches en cours vers l’immortalité biologique – qui sera un peu plus longue à advenir, sans doute, mais la pulsion est la même. La question majeure est d’imaginer ce que sera une société où s’accumulent des informations sans but ni intérêt de bon sens. Nos données personnelles, complètement anecdotiques, s’accumulent pour nourrir le big data, des montagnes de scories, des mausolées que nos prédécesseurs auraient bien vite oubliés ou dont ils n’auraient pas eu conscience ni connaissance. Quant à l’immortalité biologique, c’est un cauchemar. Entre autres conséquences, les enfants ne seront plus bienvenus, utilisant des ressources que les immortels souhaiteront garder pour eux-mêmes. Brave New World…