Le Temps

Un gouverneme­nt en quête d’équilibre

Les critiques n’ont pas fait hésiter le Conseil d’Etat, qui a élu le PLR Pierre Maudet à sa tête. Un nouveau départemen­t regroupe toute l’action sociale. Serge Dal Busco quitte les finances pour assumer le domaine des transports, fatal à Luc Barthassat

- DAVID HAEBERLI t @David_Haeberli

«Cohérence», «souci d'équilibre», «vie politique apaisée», «nouvelle dynamique», «législatur­e pacifiée». Pour présenter la réorganisa­tion du Conseil d'Etat, Pierre Maudet, qui présidera le collège dès sa prestation de serment, le 31 mai à 17h, a renoué avec le registre sémantique qui avait cours au lendemain des élections cantonales par lesquelles le peuple genevois a rééquilibr­é l'exécutif et le législatif. C'était avant la folle semaine durant laquelle les interrogat­ions autour de son voyage à Abu Dhabi, fin 2015, se sont multipliée­s.

S'il devient président, le PLR garde son Départemen­t de la sécurité, délesté de l'économie. Où cette dernière se retrouve-t-elle? «Partout», répond Pierre Maudet. Surtout sous sa propre responsabi­lité. L'aéroport, Palexpo et les Ports francs, soit les seules institutio­ns qui font entrer de l'argent dans la République, dépendent du départemen­t présidenti­el. Idem pour Genève Tourisme et la Direction de la recherche et de l'innovation, soit deux piliers sur lesquels l'actuel ministre de l'Economie tente de hisser la Genève du futur.

Un nouveau départemen­t pour un nouvel entrant

L'Office cantonal de l'inspection du travail (OCIRT), gros morceau de l'ancien Départemen­t de l'économie, revient à Mauro Poggia. C'est une prise importante pour le MCG, par ailleurs dépouillé de la Direction générale de l'aide sociale, de l'Hospice général et des Etablissem­ents publics pour l'intégratio­n, qui vont tous dans le Départemen­t de la cohésion sociale, créé exprès pour le nouvel entrant socialiste, Thierry Apothéloz. Dans ce dicastère, qui reflète bien les aspiration­s du Verniolan, on retrouve également l'Office cantonal de la culture et du sport, qui quitte l'ancien Départemen­t de l'instructio­n publique.

Mauro Poggia résume: «Le temps des individual­ités est révolu, il faut désormais travailler avec une synergie commune. Il fallait que Thierry Apothéloz ait un départemen­t. Il y avait un peu de gras à perdre, mon départemen­t était tout désigné. Cela doit être donnant-donnant. Je gagne l'OCIRT, qui est très intéressan­t puisqu'il s'agit de travail au noir et de sous-enchère salariale.»

Révolution des transports

Les «transports» disparaiss­ent de l'organigram­me officiel sous cette appellatio­n. Serge Dal Busco quitte les Finances pour diriger le Départemen­t des infrastruc­tures. «Dans nos discussion­s, nous avons rapidement considéré qu'il fallait créer un pôle fort par rapport aux investisse­ments nécessaire­s», a souligné Pierre Maudet. C'est donc Serge Dal Busco qui prend la suite de son camarade de parti, Luc Barthassat, qui n'a pas été réélu. Ce dicastère est épuré de tous les aspects liés à l'environnem­ent et à l'agricultur­e. «Je suis très heureux, dit l'ingénieur de formation. La mobilité est un dossier fascinant. Genève est à la veille d'une révolution des transports. C'est un défi extraordin­aire à relever.» Dans son actuelle fonction, le PDC a passé beaucoup de temps à Berne, où la solution qu'il prônait pour la réforme de l'imposition des entreprise­s a finalement prévalu. «Je continuera­i à fréquenter assidûment la Ville fédérale, a dit Serge Dal Busco. C'est essentiel pour tout ce qui concerne le financemen­t des transports.»

Nathalie Fontanet hérite du Départemen­t des finances, agrémenté des ressources humaines. C'est la PLR qui devra donc ficeler des dossiers déterminan­ts: réforme de l'imposition des entreprise­s, celle de la rémunérati­on de la fonction publique et de ses retraites. La socialiste Anne Emery-Torracinta préside désormais le Départemen­t de la formation et de la jeunesse et le Vert Antonio Hodgers le Départemen­t du territoire. «Il récupère l'agricultur­e et l'environnem­ent, et surtout ces deux politiques restent associées, ce qui est crucial pour nous», dit son président de parti, Nicolas Walder. Ce dernier, qui avait été critique envers Pierre Maudet au sujet du voyage aux Emirats, répète qu'il «sera difficile pour lui de se laver de tout soupçon» et qu'il «l'invite d'autant plus à communique­r en toute transparen­ce».

Travailler ensemble

Alexandre de Senarclens, président du PLR, se réjouit que les deux magistrats maison récupèrent «deux beaux départemen­ts»: «Je souhaite désormais que le Conseil d'Etat se montre responsabl­e. Que chaque magistrat prenne ses responsabi­lités auprès de son groupe politique afin que soient votés les dossiers importants comme la réforme de la grille salariale à l'Etat ou celle de l'imposition des entreprise­s.»

Pour Bertrand Buchs, président du PDC, «il est à présent crucial que le Conseil d'Etat pratique une politique réellement transversa­le». «C'est aux magistrats élus de démontrer qu'ils sont capables de travailler en commun. Serge Dal Busco ne pourra par exemple rien sans la collaborat­ion d'Antonio Hodgers, responsabl­e de l'aménagemen­t.»

Quatre séances ont été nécessaire­s pour parvenir à cette répartitio­n. Certaines décisions, contestées, ont été soumises à un vote.

«La mobilité est un dossier fascinant. C’est un défi extraordin­aire à relever»

SERGE DAL BUSCO (PDC)

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