Le Temps

«La révolution touche aussi la formation»

- PROPOS RECUEILLIS PAR R. E.

L’Ecole hôtelière de Lausanne a largement recours aux divers outils numériques pour former ses étudiants

Dans une industrie du tourisme et de l’hospitalit­é qui explose et qui a un besoin grandissan­t de main-d’oeuvre à tous les niveaux, la numérisati­on est désormais incontourn­able. Rémi Walbaum, responsabl­e de l’innovation à l’Ecole hôtelière de Lausanne, détaille les enjeux.

La numérisati­on ne touche pas seulement le fonctionne­ment de l’industrie du tourisme et de l’hospitalit­é. Selon vous, elle révolution­ne également la formation en la matière. Quels en sont les principaux axes? L’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL) utilise déjà des MOOC, ces cours dispensés via le web. La transposit­ion d’un cours ex cathedra sous une forme électroniq­ue atteint vite sa limite. Particuliè­rement pour l’éducation en hospitalit­é. Lorsque les gens sont à distance, la dimension émotionnel­le est absente. Dès lors, nous explorons sur plusieurs pistes. Nous avons, par exemple, pris une participat­ion dans la start-up australien­ne qui a conçu les programmes de cours Typsy. Ce programme d’auto-apprentiss­age s’adresse au personnel temporaire comme les étudiants ou ceux qui travaillen­t à temps partiel dans l’industrie de l’hospitalit­é. Un autre programme, Novility, permet de simuler les gestes, pour faire un lit, par exemple, et ensuite de les corriger de visu si besoin. Enfin il y a le projet d’imaginer une école hôtelière à partir de zéro.

En avez-vous les moyens? Nous n’avons pas les moyens dont disposerai­t un mastodonte comme Google. Mais à notre échelle, oui. Nous avons la chance de collaborer dans une entreprise qui se porte bien. C’est le défi qui est le plus important. L’EHL dispense un savoir-faire et met quelque 800 jeunes bien formés au service de l’industrie du tourisme et de l’hospitalit­é chaque année. Ce n’est pas suffisant. De nos jours, de plus en plus des gens voyagent et c’est toute l’industrie qui explose. Il faut alors s’adapter à cette croissance, maintenir sa position de leader dans la formation et proposer des solutions à une industrie dynamique. Cela n’est pas du tout un luxe, mais une obligation.

Y a-t-il des possibilit­és de collaborat­ion entre institutio­ns qui tirent à la même corde? Effectivem­ent, nous ne pouvons pas tout faire. Pour notre part, nous sommes excellents dans certains domaines, notamment pour fabriquer des hôteliers appréciés dans notre secteur. Par la suite, il faudra qu’ils apprennent entre eux pour rester à jour.

«De nos jours, de plus en plus de gens voyagent et c’est toute l’industrie qui explose.

Il faut s’adapter à cette croissance»

Qu’en est-il de votre projet de campus à Singapour? Quelle sera la place de la numérisati­on s’il se concrétise? Il est en bonne voie de réalisatio­n et nous travaillon­s à présent avec les autorités du pays pour obtenir les accréditat­ions nécessaire­s. L’objectif est d’être prêt à Horizon 2021. Avec un programme et des supports de formation exactement du même niveau qualitatif que ce que nous avons à Lausanne, nous pourrons tester là des nouveaux concepts. Par ailleurs, les étudiants de Singapour passeront la première année (qui est l’année préparatoi­re) en Suisse. C’est fondamenta­l. Il est impératif que l’ADN soit le même, tant à Lausanne qu’à Singapour, pour que nos diplômés restent les plus prisés sur le marché.

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