Pékin cède et baisse les tarifs douaniers sur les voitures
La Chine prend une nouvelle décision qui fait reculer le spectre de la guerre commerciale avec les Etats-Unis. Pour sa part, l’administration Trump tient à augmenter les exportations américaines vers le marché chinois
La Chine a annoncé mardi la baisse de ses droits de douane sur les voitures de 25% à 15%. La taxe douanière sur les pièces détachées baissera, elle, à 6%, contre une fourchette de 8 à 25% sous l’actuel régime. Les réductions seront effectives dès le 1er juillet.
Autant dire que la méthode Trump – qui a accusé la Chine de pratiques commerciales déloyales et l’a menacée de sanctions, quitte à déclencher une guerre commerciale aux conséquences inconnues – a payé. L’annonce de Pékin a eu un effet suspensif immédiat sur l’entrée en vigueur des surtaxes punitives contre les importations chinoises, prévue pour ce mardi. Elle est intervenue dans le cadre de l’accord conclu dimanche par les négociateurs chinois et américains.
Coup de pouce pour Tesla en Chine
Il y a une semaine, le gouvernement chinois avait déjà accepté d’abolir d’ici à 2022 la règle qui oblige les constructeurs automobiles étrangers à s’allier avec un partenaire chinois. Cette pratique était le principal obstacle au projet de la marque américaine Tesla de construire une usine en Chine. Pour les véhicules commerciaux, la limite sera levée en 2020 déjà.
Il n’y a pas que les constructeurs américains qui se frottent les mains. La baisse des taxes douanières profitera à toutes les marques qui n’ont pas d’usine en Chine. Ainsi Tesla, Jaguar, Toyota, ou Audi ont enregistré des gains importants à la bourse mardi.
La Chine est le plus grand marché automobile mondial, avec 28,9 millions de voitures vendues en 2017. Mais la part des importations n’était que de 4,2%. Au premier trimestre 2018, les marques étrangères ont représenté 55% du marché, mais la plupart d’entre elles fabriquent leurs modèles sur place.
Une solution en vue pour ZTE
Un autre chapitre de l’accord signé dimanche entre Pékin et Washington concerne le géant technologique chinois ZTE. Le groupe se verrait infliger d’importantes amendes et des changements au sein de sa direction, selon le Wall Street Journal de mardi. ZTE fait déjà l’objet des sanctions américaines depuis avril et est, à présent, contraint de cesser l’essentiel de ses activités, ce qui met quelque 75000 emplois en danger. En effet, l’administration Trump lui a coupé l’accès aux fournisseurs américains de composants électroniques, à l’image des microprocesseurs indispensables à de nombreux produits. Outre des pratiques commerciales déloyales, Washington accuse aussi ZTE d’avoir violé les embargos contre l’Iran et la Corée du Nord.
Par ailleurs, sans que tous les détails de l’accord de dimanche soient encore dévoilés, Pékin se serait engagé à supprimer ou réduire les droits de douane sur beaucoup d’autres produits agricoles américains, notamment le soja, le coton et le sorgho.
In fine, l’administration Trump a obtenu que Pékin augmente considérablement ses importations, notamment agricoles et énergétiques, en provenance des Etats-Unis. L’objectif est de réduire le déficit commercial américain de 200 milliards de dollars. L’an dernier, le déficit avait atteint 375 milliards.
La crainte des Européens
Dans un autre registre, les Etats-Unis maintiennent aussi la pression sur l’Union européenne. Les Vingt-Huit demandent à être exemptés de façon permanente des surtaxes de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium à l’importation. Réunis mardi à Bruxelles, leurs ministres du Commerce craignent de ne pas être entendus. «Nous devons nous préparer à différents scénarios», a déclaré Cecilia Malmström, la Commissaire européenne au commerce.
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