Le Temps

Pékin cède et baisse les tarifs douaniers sur les voitures

- RAM ETWAREEA @ram52

La Chine prend une nouvelle décision qui fait reculer le spectre de la guerre commercial­e avec les Etats-Unis. Pour sa part, l’administra­tion Trump tient à augmenter les exportatio­ns américaine­s vers le marché chinois

La Chine a annoncé mardi la baisse de ses droits de douane sur les voitures de 25% à 15%. La taxe douanière sur les pièces détachées baissera, elle, à 6%, contre une fourchette de 8 à 25% sous l’actuel régime. Les réductions seront effectives dès le 1er juillet.

Autant dire que la méthode Trump – qui a accusé la Chine de pratiques commercial­es déloyales et l’a menacée de sanctions, quitte à déclencher une guerre commercial­e aux conséquenc­es inconnues – a payé. L’annonce de Pékin a eu un effet suspensif immédiat sur l’entrée en vigueur des surtaxes punitives contre les importatio­ns chinoises, prévue pour ce mardi. Elle est intervenue dans le cadre de l’accord conclu dimanche par les négociateu­rs chinois et américains.

Coup de pouce pour Tesla en Chine

Il y a une semaine, le gouverneme­nt chinois avait déjà accepté d’abolir d’ici à 2022 la règle qui oblige les constructe­urs automobile­s étrangers à s’allier avec un partenaire chinois. Cette pratique était le principal obstacle au projet de la marque américaine Tesla de construire une usine en Chine. Pour les véhicules commerciau­x, la limite sera levée en 2020 déjà.

Il n’y a pas que les constructe­urs américains qui se frottent les mains. La baisse des taxes douanières profitera à toutes les marques qui n’ont pas d’usine en Chine. Ainsi Tesla, Jaguar, Toyota, ou Audi ont enregistré des gains importants à la bourse mardi.

La Chine est le plus grand marché automobile mondial, avec 28,9 millions de voitures vendues en 2017. Mais la part des importatio­ns n’était que de 4,2%. Au premier trimestre 2018, les marques étrangères ont représenté 55% du marché, mais la plupart d’entre elles fabriquent leurs modèles sur place.

Une solution en vue pour ZTE

Un autre chapitre de l’accord signé dimanche entre Pékin et Washington concerne le géant technologi­que chinois ZTE. Le groupe se verrait infliger d’importante­s amendes et des changement­s au sein de sa direction, selon le Wall Street Journal de mardi. ZTE fait déjà l’objet des sanctions américaine­s depuis avril et est, à présent, contraint de cesser l’essentiel de ses activités, ce qui met quelque 75000 emplois en danger. En effet, l’administra­tion Trump lui a coupé l’accès aux fournisseu­rs américains de composants électroniq­ues, à l’image des microproce­sseurs indispensa­bles à de nombreux produits. Outre des pratiques commercial­es déloyales, Washington accuse aussi ZTE d’avoir violé les embargos contre l’Iran et la Corée du Nord.

Par ailleurs, sans que tous les détails de l’accord de dimanche soient encore dévoilés, Pékin se serait engagé à supprimer ou réduire les droits de douane sur beaucoup d’autres produits agricoles américains, notamment le soja, le coton et le sorgho.

In fine, l’administra­tion Trump a obtenu que Pékin augmente considérab­lement ses importatio­ns, notamment agricoles et énergétiqu­es, en provenance des Etats-Unis. L’objectif est de réduire le déficit commercial américain de 200 milliards de dollars. L’an dernier, le déficit avait atteint 375 milliards.

La crainte des Européens

Dans un autre registre, les Etats-Unis maintienne­nt aussi la pression sur l’Union européenne. Les Vingt-Huit demandent à être exemptés de façon permanente des surtaxes de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium à l’importatio­n. Réunis mardi à Bruxelles, leurs ministres du Commerce craignent de ne pas être entendus. «Nous devons nous préparer à différents scénarios», a déclaré Cecilia Malmström, la Commissair­e européenne au commerce.

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