Le Temps

Les entreprise­s suisses renouent avec l’optimisme

- MARIE MAURISSE @MarieMauri­sse

Le dernier rapport de Deloitte note que 77% des directeurs financiers suisses s’attendent à une progressio­n du chiffre d’affaires de leur groupe au cours des prochains mois. Une hausse des embauches n’est cependant pas au programme

L’informatio­n est assez rare pour être soulignée: les entreprise­s suisses voient l’avenir en rose. Selon la dernière édition de l’enquête de Deloitte réalisée tous les semestres auprès de cent directeurs financiers (CFO) suisses de grandes entreprise­s privées et cotées, la reprise se confirme. Ils sont 88% à considérer que les perspectiv­es seront positives pour l’économie suisse les douze prochains mois, et 77% à tabler sur une croissance de leur chiffre d’affaires. Les experts du cabinet d’audit n’avaient pas observé de tels résultats depuis 2009.

Pour Thierry Aubertin, associé responsabl­e du départemen­t Audit & Assurances chez Deloitte, «c’est un ensemble de facteurs qui conduit à ce bel alignement de planètes». Le spécialist­e évoque d’abord l’améliorati­on du taux de change, qui pesait sur le moral des industriel­s depuis près de trois ans. Résultat: 46% des directeurs financiers s’attendent à une augmentati­on des marges opérationn­elles, contre 41% à l’automne 2017.

L’autre facteur positif est le contexte de reprise à l’internatio­nal, particuliè­rement en Europe, qui augure de bons résultats commerciau­x pour les mois à venir. Les auteurs du rapport parlent d’un «effet Macron», qui pousse les directeurs commerciau­x interrogés à considérer que la France bénéficie d’une conjonctur­e favorable et d’un système politique stable, même meilleur que l’Allemagne, dans l’esprit de ces CFO.

Leur vision du contexte internatio­nal diffère quelque peu de celle des CFO européens, également interrogés par Deloitte dans une étude parallèle. D’un côté, les directeurs financiers suisses sont plus inquiets: «Pour les CFO suisses, la probabilit­é d’une crise européenne est plus forte que dans l’esprit de leurs homologues européens», explique ainsi Thierry Aubertin. Mais au sujet du Brexit, c’est tout le contraire: les Suisses sont moins soucieux de son impact que leurs confrères.

Pénurie de main-d’oeuvre

Les directeurs financiers suisses sont 48% à anticiper une augmentati­on des investisse­ments dans leur entreprise au cours des douze prochains mois. Sans pour autant tabler sur une augmentati­on ferme des embauches. Ils sont 40% à penser qu’une variation de la main-d’oeuvre va avoir lieu au sein de leur société, contre 58% pour les CFO français.

Cela n’étonne pas Thierry Aubertin, qui souligne que dans ce type de baromètre, «plus on se rapproche des conséquenc­es sur sa propre entreprise, plus la personne sera prudente. Ils sont très peu nombreux à confier qu’ils prévoient d’embaucher, mais dans la réalité, on voit que la force de travail se maintient bien en Suisse, ce qui est bon signe.» Un des facteurs qui fait hésiter les sondés est la difficulté croissante à trouver de la main-d’oeuvre qualifiée.

L’un des secteurs où le manque de spécialist­es se fait cruellemen­t sentir, selon les experts de Deloitte, est celui de la numérisati­on. Alessandro Miolo, associé Audit & Assurances chez Deloitte et responsabl­e du programme CFO, avertit: «La Suisse ne fait pas partie des leaders numériques sur le plan internatio­nal et doit combler son retard notamment dans les domaines de la culture de la création d’entreprise­s, de la dispositio­n à investir et des brevets.»

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