Le Théâtre Scaramouche au zénith
Basée à Schaffhouse depuis 1982, une compagnie pour enfants reçoit le Grand Prix suisse du théâtre
Et l’Oscar du théâtre suisse est…? Ce jeudi à Zurich, le Schauspielhaus bondé comme un soir de gala feindra de retenir son souffle. Car tous les professionnels réunis savent que le lauréat du Grand Prix suisse de théâtre/Anneau Hans Reinhart est le Théâtre Scaramouche, collectif basé à Schaffhouse. Après Ursina Lardi, comédienne au feu boréal qui fait carrière à Berlin, après le Theater Hora, compagnie zurichoise qui frappe avec des acteurs handicapés, c’est au tour de Stefan Colombo et de Nora Vonder Mühll, codirecteurs de Scaramouche, de triompher sous les projecteurs.
Anne Bisang distinguée
Vous ne connaissez pas? C’est l’une des raisons pour lesquelles le jury de l’Office fédéral de la culture a choisi cette troupe qui, depuis 1982, emballe enfants et adolescents. «Le théâtre pour jeune public traverse une crise en Suisse alémanique, le jury a voulu en rappeler l’importance», justifie Claudia Rosiny, directrice des sections théâtre et danse à l’OFC. «Les acteurs de Scaramouche traitent de sujets parfois graves avec ingéniosité et intelligence», complète Anne Fournier, journaliste à la RTS et membre du jury.
Sous les yeux d’Alain Berset, une demi-douzaine d’artistes seront aussi récompensés pour leur aptitude à transmettre et à s’inscrire dans le temps. Sur scène défileront notamment Anne Bisang, directrice artistique du Théâtre populaire romand de La Chaux-de-Fonds, le metteur en scène genevois Oscar Gomez Mata et les Petits Chanteurs à la gueule de bois. Porté par les musiciens Lionel Aebischer, Frédéric Erard et Raphaël Pedroli, ce groupe neuchâtelois épingles nos cuistreries.
Les saltimbanques et leur patron Scaramouche régneront jusqu’à dimanche sur les planches zurichoises. Le public pourra découvrir sept spectacles choisis dans l’année par un autre jury de spécialistes, celui des Rencontres du théâtre. Dans ce bouquet confédéral figurent Les luttes intestines de l’acteur et metteur en scène genevois Adrien Barazzone. «Nous remontons ce spectacle pour l’occasion, mais j’espère que cette exposition lui permettra de tourner.» Zurich, capitale du business théâtral. Le Valais lui succédera en 2019. Scaramouche est un bon totem.