Serge Vuille, le coup de jeune de Contrechamps
MUSIQUE L’ensemble contemporain se dote d’un nouveau directeur et met le cap sur un avenir vivifié
L’ensemble Contrechamps, qui vient de fêter quarante années d’existence, mise sur l’avenir. Après six ans d’une direction qui s’inscrivait plutôt dans l’héritage du fondateur Philippe Albèra, le Français Brice Pauset retourne à des activités plus personnelles. Pour les responsables de l’institution, son départ aura été l’occasion de travailler au renouvellement de la vie contemporaine genevoise. Choisir Serge Vuille comme successeur s’inscrit dans ce mouvement: l’âge et le parcours musical de l’élu marquent un changement attendu.
Engagé sur la scène expérimentale et contemporaine, le jeune Suisse de 34 ans arpente activement les scènes européennes de musique actuelle. Il collabore avec diverses institutions à Lausanne et à Londres, où il fonda l’ensemble We Spoke en 2008, avant de participer à la série Kammer Klang et d’enseigner au Royal College of Music. Percussionniste, compositeur, curateur, enseignant, Serge Vuille répond au profil de l’artiste engagé dans son temps et dans la société.
Le bon équilibre
Comment envisage-t-il son activité à Genève, où il a emménagé à la suite de sa nomination en avril? «Le plus important pour moi est de trouver le bon équilibre entre le public et les artistes», explique le nouveau directeur.
«La prochaine saison est le fruit de Brice Pauset, qui m’a invité à me glisser dans la programmation pour quelques événements. Cela me permet de m’inscrire en douceur dans l’activité de Contrechamps et d’en prendre les dimensions», poursuit-il.
Quelques grands axes se dégagent de ses envies. En premier, la mise en valeur des musiciens de Contrechamps, dont Serge Vuille a pu apprécier les carrières individuelles variées. Il leur proposera des «Cartes blanches» pour leur permettre d’exprimer leurs talents respectifs et de renforcer la cohésion du groupe.
La création d’un laboratoire d’incubation de projets pluridisciplinaires fait aussi partie de ses priorités afin d’initier des croisements artistiques et développer les plus intéressants à l’avenir.
Le lien avec le public sera resserré à travers des événements sociaux pour stimuler l’échange et la participation. La formule traditionnelle conférence-apéritif-concert se verra assortie d’invitations au domicile privé du directeur pour des rencontres avec les artistes.
Du côté de l’ancrage sur le territoire, dont le «foisonnement culturel spectaculaire» ravit Serge Vuille, il se fera en collaboration avec les institutions locales (DIP, HEM, Bâtie, musées, CEGM…). Reste le rayonnement, sujet d’importance pour le musicien, européen dans l’âme. Des projets sont déjà sur le feu, à Venise, Londres, Bâle ou ailleurs, pour que la marque de Contrechamps s’étende toujours plus à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières.
D’ici là, les douze concerts de la saison, placée sous le signe de «L’âge des extrêmes» par Brice Pauset, affichent sept créations lors de soirées qui offriront de quoi nourrir la curiosité comme le besoin de repères. Les deux figures Heinz Holliger et Emilio Pomarico domineront nombre de propositions variées où la féminité, le minuscule, le monumental, la sculpture sonore ou la confrontation musicale se mesureront à la force des extrêmes.
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