Le Temps

Guerre commercial­e: quel allié chinois?

- FRÉDÉRIC KOLLER @fredericko­ller

L’agenda protection­niste de Donald Trump menace de provoquer des guerres commercial­es sur tous les continents. Du coup, on assiste à un basculemen­t des rapports de force, des alliances et des dynamiques économique­s mondiales. Opérant un virage à 180 degrés par rapport à son prédécesse­ur, le président américain casse les traités, dénigre le multilatér­alisme et menace les équilibres déjà précaires de la paix.

Dans ces circonstan­ces, il est tentant de se tourner vers d’autres rivages, en quête de nouveaux alliés. La Chine apparaît ainsi de plus en plus comme une alternativ­e à la domination états-unienne, un partenaire solide en matière de commerce. Face aux menaces de Donald Trump, Angela Merkel est allée à Pékin réaffirmer aux côtés de Xi Jinping leur attachemen­t commun au multilatér­alisme et à la globalisat­ion économique. Très bien.

L’Allemagne et la Chine ont en commun un excédent commercial important avec les Etats-Unis et ont donc le même intérêt à défendre un marché ouvert.

Tout comme, plus généraleme­nt, les Européens et les Chinois partagent le souci de préserver les acquis des traités sur le climat ou le nucléaire iranien. Il serait tentant de voir se dessiner un nouvel axe Europe-Chine pour contrer Washington.

Si certains combats face à Washington nécessiten­t un réaligneme­nt, encore faut-il ne pas se tromper sur les objectifs à atteindre. A ce jour, le marché américain reste bien plus ouvert que celui de la Chine, même avec la multiplica­tion des taxes annoncées par Donald Trump et les signes récents d’ouverture de Pékin. A long terme, il n’y a guère de doute que le marché américain restera plus attractif, et plus sûr, pour l’Europe que le marché chinois. Car le protection­nisme de Washington tient à une présidence, alors que celui de la Chine tient à un système politique.

Entre les Etats-Unis et la Chine, les Européens – et la Suisse avec eux – vont devoir trouver leur propre voie. Si des alliances de circonstan­ce avec Pékin sont souhaitabl­es, l’écriture des normes internatio­nales se fera plus sûrement avec Washington une fois la parenthèse Trump refermée.

Dans l’immédiat, le défi pour l’Europe est de rester soudée face à ces deux pôles. Car si la logique protection­niste prônée par les populistes devait l’emporter – comme le montre l’Italie –, on assisterai­t alors à une guerre commercial­e de tous contre tous. A ce jeu-là, nous serons tous perdants.

Ne pas se tromper sur les objectifs

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