Le Temps

Les prochaines innovation­s de Credit Suisse

L’initiative de numérisati­on de la banque en Suisse a débuté il y a dix-huit mois, sous la direction d’Anke Bridge Haux, responsabl­e des solutions numériques. Son équipe va lancer de nouvelles innovation­s, dont un site internet plus personnali­sé

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

L’initiative de numérisati­on de la grande banque en Suisse a débuté il y a dix-huit mois. Son équipe, dont la taille est d’environ 120 employés, lancera de nouvelles innovation­s ces prochaines semaines.

La grande banque lancera prochainem­ent (fin mai-début juin) un nouveau site web, basé sur une nouvelle identité visuelle. «Ce site utilisera des analyses de données améliorées pour présenter un contenu ciblé, personnali­sé et plus pertinent à chaque visiteur et client», affirme Anke Bridge Haux. Jusqu’ici, ce sont les géants de l’e-commerce qui sont les plus actifs dans ce dernier domaine. Les banques y sont pratiqueme­nt absentes.

En juillet la banque mettra à jour ses systèmes bancaires en ligne, tant pour les clients privés que commerciau­x.

L’équipe de numérisati­on dirigée par Anke Bridge Haux a commencé par le lancement l’an passé de plusieurs innovation­s numériques, en adaptant pour les simplifier considérab­lement ses systèmes bancaires en ligne.

La signature électroniq­ue: 80% d’acceptatio­n

Pour le client privé (CS Direct), «les services bancaires en ligne ont été mis à jour et alignés sur notre solution, très usitée, de services bancaires mobiles», indiquet-elle. Ainsi, l’ouverture d’un compte en ligne peut être réalisée aujourd’hui en 15 minutes, contre une quinzaine de jours habituelle­ment. Cette innovation a été rendue possible à la suite de l’acceptatio­n de la signature électroniq­ue par la Finma. «Actuelleme­nt, près de 80% des comptes sont ouverts de façon numérique par le client, soit à la banque soit à la maison. Le solde étant des cas plus complexes.» L’introducti­on de la tirelire Digipigi en tant que solution numérique pour éduquer les enfants à la gestion financière, qui utilise les possibilit­és offertes par l’internet des objets, a été également un événement marquant.

Le nouveau service en ligne pour les entreprise­s (CS Direct Business) dispose également d’une fonction leasing, qui donne une vue d’ensemble de tous les contrats existants et permet aux utilisateu­rs d’en conclure de nouveaux.

Enfin, depuis mars, le portail de la banque offre, en phase de test, une propositio­n de «crédit indicatif en ligne». Les clients entreprise­s peuvent connaître en cinq minutes les conditions d’octroi d’un prêt. Anke Bridge Haux parle d’une stratégie en briques, avec l’élaboratio­n de nouvelles pièces dans un développem­ent dynamique.

Simplifica­tion des processus

A l’interne, les processus sont simplifiés. «Au début de l’année dernière, nous avons lancé une initiative de «early scanning» avec Swiss Post Solutions, afin de numériser les formulaire­s que nous recevons physiqueme­nt le plus tôt possible dans le traitement. Mais il est aussi possible de travailler avec un logiciel encore plus intelligen­t qui reconnaît les courriers écrits à la main et les traduit sous forme numérique», explique-t-elle. Quoi qu’il en soit, les deux façons de numériser l’informatio­n physique augmentent massivemen­t l’efficacité des processus, les rendant plus rapides, moins chers et aussi moins risqués. Les collaborat­eurs sont ainsi libérés de tâches ingrates, selon la banque. Grâce à l’IA ou aux robots, le nombre de produits, de services et les opérations connexes qui utiliseron­t de telles solutions sont en constante augmentati­on. La banque se penche actuelleme­nt sur quelque 200 processus qui peuvent être potentiell­ement numérisés.

Le client en obtient-il une baisse des tarifs? Ce travail d’optimisati­on des processus réduit tendanciel­lement les frais bancaires et accroît la concurrenc­e. Le client ne peut qu’en profiter, selon Anke Bridge Haux.

Clients «high-tech» ou «high-touch»

Il n’en reste pas moins que les clients ont toujours besoin d’un contact humain malgré le progrès technologi­que, selon Credit Suisse. La grande banque distingue les clients entre les «hightouch», qui préfèrent maintenir un contact personnel avec leur conseiller, et les «high-tech», intéressés par les moyens techniques à dispositio­n. Ces deux comporteme­nts créent un nouveau modèle de segmentati­on, qui diffère de celui actuelleme­nt basé sur le niveau de fortune ou de besoin du client. «Nous voulons cependant continuer de servir tous nos clients, quelle que soit leur approche. L’offre de la banque est donc fonction aussi bien du désir d’autonomie de chacun que du type de relation, électroniq­ue ou personnell­e, que le client souhaite développer», indique-t-elle.

L’octroi d’un prêt hypothécai­re est révélateur à cet effet, explique Anke Bridge Haux. C’est l’un des moments clés du contact avec la banque. La décision est souvent cruciale pour un client, parfois la plus importante décision financière de sa vie. Le processus est aisé à standardis­er ou à numériser, mais nombreux sont les clients à préférer une discussion avec leur conseiller avant de signer leur contrat. Aujourd’hui, constate Anke Bridge Haux, «la solution ne peut pas être 100% numérique».

Parallèlem­ent, un premier pas a été franchi en direction du robot conseiller (CS My Choice), qui propose automatiqu­ement des solutions d’investisse­ment personnali­sées.

Le client reste toutefois en contact avec son conseiller, car le processus d’«advisory», qui structure la planificat­ion financière selon son profil de risque et son horizon, est maintenu. «Les clients sont de mieux en mieux informés et souhaitent parfois gérer euxmêmes une partie de leur portefeuil­le, notamment parce qu’ils sont compétents en finance. Je le fais moi-même en raison de mon passé dans les changes», explique Anke Bridge Haux. Il s’agit ici aussi d’une combinaiso­n entre conseils personnali­sés et propositio­ns numériques.

Un premier pas a été franchi en direction du robot conseiller, qui propose automatiqu­ement des solutions d’investisse­ment personnali­sées

L’intelligen­ce artificiel­le dans un processus d’assistance

L’intelligen­ce artificiel­le progresse toutefois davantage dans les processus internes qu’externes de Credit Suisse, constate Anke Bridge Haux. Un projet d’assistance informatiq­ue à l’aide d’un chatbot (Amelia) a été introduit récemment pour les collaborat­eurs. La plupart des questions concernant l’IT par exemple sont très basiques. Elles peuvent être résolues sans passer par des spécialist­es, qui se consacrent désormais aux questions plus complexes. Le système est évolutif. Son degré d’intelligen­ce progresse à chaque appel. Le système a démarré en décembre. Plus de 17000 questions étaient traitées par Amelia fin janvier. Le système peut répondre correcteme­nt à 70-80% des questions. Les bénéfices sont significat­ifs.

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(SAMUEL TRÜMPY) «Le système d’assistance informatiq­ue à l’aide d’un «chatbot» peut répondre correcteme­nt à 70-80% des questions», selon Anke Bridge Haux.

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