Ne laissons pas criminaliser la critique de la politique israélienne
Dans son discours de commémoration de la rafle du Vél’ d’Hiv de 2017, le président Macron utilise la formule: […] nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. Dans l’édition du 14 mai du Temps, sous le titre «Antisionisme et antisémitisme, les deux faces d’une même pièce», M. Victor Gani reprend la même idée. A force de la marteler on espère qu’elle prenne valeur de vérité et, en effet, elle remporte un indéniable succès. Mais définir l’antisionisme comme «une discrimination basée sur l’appartenance à une religion, à une ethnie, […] ce qui correspond à de l’antisémitisme», c’est empêcher tout débat, toute critique de la politique d’Israël puisqu’il s’agit alors de racisme, voire d’incitation à la haine raciale. Ce sont deux exemples parmi beaucoup d’autres de la criminalisation d’une critique de la politique de l’Etat d’Israël. Comme le dit Michel Warschawski, «ce n’est que depuis une trentaine d’années qu’une vaste campagne internationale tente, avec un succès indéniable, non pas de participer à la controverse sur l’opportunité du sionisme, l’analyse de sa dynamique et ses implications politiques et morales, mais de délégitimiser l’antisionisme, en l’identifiant à l’antisémitisme. Comme toute autre forme de racisme, l’antisémitisme (ou la judéophobie) rejette l’autre dans son identité et son existence. Quoi qu’il fasse, quoi qu’il pense, pour l’antisémite, le Juif est haïssable, jusqu’au massacre, par le seul fait d’être Juif. L’antisionisme par contre, est une critique politique d’une idéologie et d’un mouvement politiques; il ne s’attaque pas à une communauté, mais remet en question une politique. Comment alors identifier une idéologie politique, l’antisionisme, avec une idéologie raciste, l’antisémitisme?» Dénonçons le racisme mais ne laissons pas criminaliser une critique légitime.
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