Le Temps

Blockchain et crowdfundi­ng: une nouvelle voie pour la musique

- ALEXANDRE ZREIKAT SPÉCIALIST­E BLOCKCHAIN, UTOPIA MUSIC

En 1997, David Bowie levait 55 millions de dollars grâce à ses «Bowie Bonds», offrant aux heureux investisse­urs des coupons garantis par les futures redevances de l’artiste emblématiq­ue. Vingt ans plus tard, cette idée s’avère visionnair­e.

La blockchain ouvre une nouvelle voie au crowdfundi­ng (financemen­t participat­if ) d’artistes, le mécanisme par lequel l’investisse­ment se démocratis­e. En novembre dernier, Gramatik devenait le premier crypto-artiste en levant plus de 2 millions de dollars via une plateforme de crowdfundi­ng fondée sur la blockchain.

Le tout public désireux d’investir échange de la cryptomonn­aie contre des jetons numériques – ou tokens en anglais – émis par l’artiste qui souhaite lever des fonds. Alors que les «Bowie Bonds» assuraient des coupons couverts par les redevances de l’artiste, les tokens donnent à leurs détenteurs directemen­t des droits sur la musique.

Les smart contracts – des contrats numériques intelligen­ts – permettent, quant à eux, d’automatise­r le paiement de redevances et d’en tracer leurs origines. Ces derniers permettent même de récompense­r un investisse­ur pour certaines actions, comme celle de promouvoir l’artiste sur les réseaux sociaux. Rock star ou novice de l’industrie, chaque artiste profite de l’émission de ses tokens. En plus de lever des fonds pour financer ses activités (enregistre­ment, marketing, etc.), il donne naissance à un groupe de promoteurs impatients de le voir percer.

Une opportunit­é pour les labels

Alors que certains prédisent la disparitio­n des labels en cas de développem­ent du phénomène, un tel scénario demeure peu probable. La plupart des artistes ne pourront en effet se passer du savoir-faire commercial et de l’orientatio­n créative des labels. Les labels profiteron­t également du crowdfundi­ng et de la blockchain en partageant les risques et les bénéfices liés au financemen­t d’artistes avec les détenteurs de tokens.

Pour des raisons évidentes, cette nouvelle répartitio­n des risques permettra à l’écosystème musical de se développer de manière exponentie­lle. Il ne fait désormais aucun doute que ce nouveau type de crowdfundi­ng grandira dans les mois et années à venir, et ce au bénéfice de l’ensemble de l’industrie de la musique.

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