Le Temps

Pamela Redaelli, une conversion végétarien­ne tout en douceur

Spécialist­e en relations publiques, Pamela Redaelli est l’instigatri­ce de la Veggie Week. Rencontre avec une végétarien­ne aguerrie qui bouscule en douceur les habitudes culinaires genevoises

- Veggie Week, du 4 au 17 juin à Genève, info sur Veggieweek.ch ÉDOUARD AMOIEL

C'est en dégustant des momos farcis aux légumes et au tofu, en compagnie d'une amie (co-initriatri­ce de l'événement), que dans la tête de Pamela Redaelli l'idée fait tilt. La sensation gustative provoquée par la subtilité de ce ravioli à la vapeur venu du Tibet (équivalent des gyozas japonais ou des raviolis chinois) est un instant gourmand dont elle va faire son «cheval de bataille»: comment arriver à faire comprendre aux gens que le fait de bien se nourrir n'est pas incompatib­le avec le végétarism­e? Et que cette cuisine ne se résume pas à une simple salade verte ou à des légumes cuits à l'eau? La question sera le germe de la Veggie week.

Méconnue du grand public, cette Genevoise d'origine suisse allemande et tchèque est en train de réussir son pari: désacralis­er la tendance végétarien­ne en la proposant au plus grand nombre. Du 4 au 17 juin, en partenaria­t avec 12 restaurant­s gastronomi­ques, Pamela Redaelli emmène la cité vers sa deuxième quinzaine légumière.

De l’auberge au palace

A la Veggie, les prix vont de 36 à 120 francs. Les Genevois y découvriro­nt une crème légère de petits pois à l'estragon, fraise et cresson sauvage, une raviole de chou-fleur et sa truffe d'été. Ou encore un millefeuil­le de côtes de bettes, champignon­s au quinoa, émulsion de curry vert et coco. Avec plus de 70 créations végétarien­nes intégrées aux cartes de mets traditionn­els proposés par les auberges de village et les palaces, voilà que Genève se transforme en un éphémère paradis potager.

«Une certaine forme de sécurité et de stabilité émane de cette ville, un confort rassurant. A l'époque, un voyage Erasmus me faisait plus peur qu'autre chose», explique la jeune femme qui vit entourée de ses proches et de ses amis sans jamais avoir éprouvé le besoin d'abandonner son cocon suisse. Elle quitte néanmoins sa famille à l'âge de 18 ans avec une seule idée en tête: travailler en indépendan­te. Dix ans et un long chemin à parcourir où elle passe dans un cabinet d'avocat et une société financière avant d'être engagée à la Fondation Martin Bodmer dont elle assure la communicat­ion pendant trois ans.

Elle rejoint ensuite l'équipe du Grand Prix d'horlogerie de Genève, d'abord au sein des relations avec la presse puis dans l'équipe d'organisati­on. Une corde de plus à son arc; elle apprend le métier. «J'ai toujours eu énormément de chance dans ma vie profession­nelle car on m'a énor- mément fait confiance.» Dans les années 2010, la jeune entreprene­use se lance. Elle a un seul mandat en poche, mais elle se remplit vite. Son agence PR & Co voit le jour en 2014. Réservée voire timide – un comble dans ce métier – Pamela ne démarche pas. «Je travaille principale­ment par le bouche-à-oreille. Je pars du principe qu'un client heureux va en parler autour de lui.» Son image, elle la préserve. Sa présence sur les réseaux sociaux, elle la limite. «Je ne publie rien de personnel mais sur le plan profession­nel, si une société n'est pas visible sur les médias digitaux, elle perd une grande part de marché.»

Grande sensible

Et le végétarism­e dans tout ça? Quand elle était petite, et pour ménager sa grande sensibilit­é, sa mère lui disait que les animaux que l'on mange ne sont pas les mêmes que ceux que l'on voit; ce qui ne l'a pas empêché de faire évoluer son alimentati­on tout au long de sa vie. Pamela se souvient des knedliky de son enfance, ce pain tchèque cuit à l'eau bouillante, coupé et recouvert de viande, de poisson ou de légumes en sauce, souvent teintée de notes aigres-douces. «Ce type de plat a façonné mon palais. C'est d'une certaine manière l'ADN de mon univers culinaire», révèle celle pour qui la consommati­on de viande n'a jamais été une fin en soi. «Cela m'a énormément préoccupée, jusqu'au jour où j'ai décidé d'arrêter. Pourtant ce n'est pas une question de goût, bien au contraire, mais plutôt de rester en accord avec mon ressenti vis-à-vis des animaux.»

La Veggie Week que Pamela organise n'est pas un événement militant. Le succès de la première édition fut tel qu'ellemême ne s'attendait pas à un tel engouement. Son mot d'ordre? Rendre cette cuisine attractive et faire comprendre qu'elle est talentueus­e, subtile, variée, gourmande et généreuse. «Cela prouve que l'approche est innovante, totalement dans l'ère du temps, que la clientèle adepte de cette cuisine existe bel et bien. Beaucoup de monde mange végétarien quasiment quotidienn­ement sans même s'en rendre compte. Il est intéressan­t pour tous de pouvoir découvrir une autre facette de cette culture culinaire, réalisée à cette occasion par de grands chefs en version gastronomi­que.»

«Beaucoup de monde mange végétarien quasiment quotidienn­ement sans même s’en rendre compte»

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland