La gauche du parlement ne démord pas de l’affaire Pierre Maudet
Le jour de la prestation de serment du Conseil d’Etat, la gauche parlementaire genevoise a annoncé qu’elle déposait une résolution touchant son président, Pierre Maudet. Le texte cible le voyage effectué par le conseiller d’Etat PLR en novembre 2015 à Abu Dhabi dans des conditions qui soulèvent des questions. Les élus qui présentent ce texte demandent aux députés de «réprouver l’acceptation d’un luxueux cadeau de plusieurs dizaines de milliers de francs» fait au magistrat, à sa famille et à son chef de cabinet, qui les accompagnait. Ils les prient de «rappeler au Conseil d’Etat qu’il doit prendre toutes les dispositions nécessaires pour qu’il n’y ait aucune interférence du pouvoir exécutif dans cette affaire afin de garantir l’indépendance de la justice». Une enquête est en cours, menée par le parquet genevois.
La résolution émane d’Ensemble à gauche (EàG), du Parti socialiste, des Verts et du MCG. Tous veulent qu’une session spéciale du Grand Conseil soit consacrée à son traitement et qu’un vote sur le siège intervienne, pour éviter un renvoi dans les limbes du travail parlementaire. La date du 21 juin est évoquée, juste avant la session ordinaire.
Majorité théorique acquise
Les groupes qui soutiennent cette résolution représentent 52 voix sur les 100 du Grand Conseil. Cela leur assure une majorité théorique. Des députés PDC et UDC ont également été approchés, révèlent les initiateurs.
«Le contexte est important, souligne le socialiste Thomas Wenger. Le serment du Conseil d’Etat est un moment solennel. Avec cette résolution, nous exerçons notre devoir de surveillance de l’Etat.» «C’est une question d’éthique, nous avons été élus pour cela», dit Alessandra Oriolo, députée écologiste. Les Verts ont demandé la création d’une sous-commission ad hoc consacrée à cette affaire. «Il faut s’en tenir fermement aux principes, dit le MCG François Baertschi. La nouvelle loi qui les concerne impose aux policiers d’avoir une attitude impartiale et impeccable 24 heures sur 24. Et il faudrait que l’on soit très compréhensif envers Pierre Maudet?»
«Il faut sortir du cas personnel de Pierre Maudet, reprend Jean Batou, député EàG. Nous tenons à ce que le Grand Conseil dise qu’il ne veut à aucun prix que des faveurs puissent influencer la politique genevoise. Si nous ne disons rien, on pourrait penser que nous considérons que ce cadeau n’est pas grave.»
Pour sa défense, le PLR affirme que ce déplacement était d’ordre privé et que ce voyage payé par un tiers ne représente pas un cadeau, aucune contrepartie ne lui ayant jamais été demandée.
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