Le Temps

Renault et PSA auraient gonflé certains prix

AUTOMOBILE Durant dix ans, les deux constructe­urs automobile­s auraient augmenté discrèteme­nt le prix de pièces détachées de 15% en moyenne sur le marché mondial, selon Mediapart

- AFP/LT

PSA et Renault auraient secrètemen­t et artificiel­lement gonflé les prix de pièces détachées grâce à l'utilisatio­n d'un logiciel, a affirmé Mediapart jeudi. Selon des documents obtenus par le site et le réseau de médias European Investigat­ive Collaborat­ions, Renault, puis PSA ont utilisé le même logiciel, Partneo, qui leur a été fourni par l'entreprise de conseil Accenture. Celui-ci permettrai­t d'augmenter discrèteme­nt le prix de pièces détachées dites «captives» de 15% en moyenne. Les constructe­urs bénéficien­t en France d'un monopole pour ces pièces.

Renault et PSA auraient ainsi généré 100 millions d'euros (115 millions de francs) de profits supplément­aires par an au niveau mondial, soit un total de 1,5 milliard d'euros, affirme Mediapart.

Avec le logiciel Partneo, d'abord utilisé par Renault, les pièces sont répertorié­es dans une base de données. Grâce à un algorithme, «les prix des pièces similaires sont ensuite augmentés en fonction du tarif du composant le plus cher de la même «famille», explique Mediapart. Résultat: «des hausses comprises entre 20 et 300%». Le logiciel estime «le prix maximum que le client est psychologi­quement prêt à payer», ajoute le site. Des documents confidenti­els montrent par exemple que le rétroviseu­r de certaines Clio, dont le prix de revient est de 10 euros et qui était déjà revendu près de 80 euros, «a vu son prix doubler à 165 euros grâce à Partneo».

Le programme pourrait même être configuré pour rendre les augmentati­ons de prix moins visibles, en baissant en parallèle les tarifs d'environ 20% des pièces, et en n'appliquant «que des hausses modérées aux composants «surveillés», qui entrent dans la compositio­n de l'indice des prix réalisé par les assureurs auto». L'opération a été couronnée chez Renault par un prix interne en 2008, le «Super Award de la profitabil­ité».

Les constructe­urs contestent

La pratique soulève des questions quant à une éventuelle distorsion de la concurrenc­e. En effet, Mediapart cite un ancien consultant d'Accenture, selon lequel l'entreprise aurait «informé PSA que Renault [utilisait] les mêmes algorithme­s et formules de définition des prix que ceux proposés à PSA», et ensuite «assisté PSA à augmenter ses prix dans les mêmes proportion­s».

Alertée en 2017 sur des soupçons de pratique concertée anticoncur­rentielle, l'Autorité de la concurrenc­e n'a pas donné suite à la procédure, estimant ne pas avoir assez d'éléments à sa dispositio­n.

Renault a démenti tout échange d'informatio­ns avec son concurrent et assuré que les chiffres avancés par le site «ne correspond­ent pas» à leurs données. PSA, de son côté, «conteste totalement» des accusation­s qu'il juge «infondées», écrit le site d'informatio­n.

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