Le Temps

Poison commercial

- RICHARD WERLY, BRUXELLES @LTwerly

Donald Trump dispose d’un allié sournois dans sa guérilla commercial­e sur l’acier avec l’Union européenne: la défiance. La bataille, en effet, est inégale. Même si les négociatio­ns commercial­es sont une compétence indiscutée de la Commission, seule à représente­r les intérêts des Etats-membres dans les instances internatio­nales, la politique refait toujours son apparition dans les moments de tension. Et qui dit politique, au niveau de l’UE, dit toujours risque de divergence, voire de collision, entre Bruxelles et les 27 autres capitales en ces temps de fièvre souveraini­ste et d’europhobie croissante

Le plus probable, à court terme, est bien sûr que les Européens se montreront unis face au forcing américain, surtout dans l’enceinte de l’Organisati­on mondiale du commerce. Mais les responsabl­es communauta­ires savent que les procédures de l’OMC exigent de la patience et que Donald Trump continuera à ouvrir d’autres fronts, en particulie­r sur l’Iran et les sanctions extraterri­toriales. Ils savent aussi que la proximité des élections européenne­s de 2019 promet de renforcer la rhétorique protection­niste. D’autant que les gouverneme­nts les plus pro-Trump au sein de l’UE, comme ceux au pouvoir en Hongrie ou en Pologne, affichent de bons résultats économique­s et n’ont pas – contrairem­ent à l’Allemagne, à la France ou à l’Italie – d’industries métallurgi­ques exportatri­ces susceptibl­es de souffrir immédiatem­ent des taxes imposées outre-Atlantique.

Une double bataille s’engage donc: commercial­e et communauta­ire. Le nationalis­me économique insufflé par Washington est, que Bruxelles l’admette ou non, un puissant poison.

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