Fin de règne et progrès du péril
[…] «Notre civilisation fait fausse route», écrivait Gauguin en 1898. Il n’avait pas tort. A ce jour, les sacrifices sont multiples. Au «Temps des assassins», le crime est au coeur de maintes manoeuvres politiques et commerciales. L’alerte naît: «Est-il trop tard pour que ça change, et qu’attendons-nous?» Esclaves de nos égoïsmes. Sourds aux appels inquiétants. Comment réagissons-nous? Le capitalisme cannibale nous condamne-t-il? […] D’expérience, je sais que nos actes dépendent de nos désirs. Le monde est en eux. Notre dedans est indissociable du dehors. Changer le monde extérieur ne suffit pas si l’homme ne change pas. Prendre conscience de l’écocide est chose impérieuse. Irresponsable est l’argument: «Je sais bien, mais quand même, qu’y puis-je?» La sagesse du candide est contestable. […] Notre existence est une survie fragile. Les anciens philosophes le savaient si bien. La compulsion de répétition, au diapason des obscures forces psychiques, n’épargne personne. De notre propre fait, nous ne ruinons que trop la nature et nous nous entre-ruinons, tout en rêvant à l’échappée belle vers d’autres planètes ou paradis perdus. «L’homme succombe à ses propres conflits, et l’espèce succombera dans sa lutte désespérée avec le monde extérieur», affirmait Freud en 1931 face à ce qu’il pressentait d’un funeste destin, le regard tourné vers la silencieuse et fracassante pulsion de mort. D’évidence, nous vivons la fin de l’Homme ancien et le progrès du péril écocide, fruit de nos désirs cruels en prise avec la nature et nos semblables. Voyons les innombrables massacres de notre civilisation. Voyons ce que nous dénions de crainte de devoir changer; attendu qu’il est peu probable que la science puisse nous sauver des désastres dont nous sommes les auteurs.
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