«Le Matin» va disparaître cet été
PRESSE Un nouveau titre romand va disparaître: l’édition papier du journal «Le Matin» cessera le 22 juillet, selon des informations de la télévision alémanique. A l’interne, on craint le licenciement de quelque 50 personnes sur le site lausannois de Tamed
C’est la fin du quotidien populaire romand Le Matin. Du moins dans sa version papier: elle cessera d’être imprimée à partir du 22 juillet, selon la télévision alémanique SRF. Plusieurs sources internes du groupe Tamedia, éditeur du Matin, ont confirmé au Temps ce scénario. Des cadres en ont déjà été informés mais le groupe ne devrait communiquer plus largement et officiellement à ce sujet que ce jeudi matin.
Le 22 juillet est le dernier jour du Paléo Festival, dont Le Matin est un partenaire historique. Le feu d’artifice sur la plaine de l’Asse aura une couleur particulière pour les fidèles du journal.
Selon des sources internes et l’article publié sur le site de la SRF, le syndicat Impressum tente de s’opposer aux licenciements prévus dans la foulée de l’arrêt du Matin auprès de l’instance de conciliation des conflits du travail du canton de Vaud. «Nous craignons le licenciement de quelque 50 employés à Lausanne, a déclaré la secrétaire centrale d’Impressum Dominique Diserens à la SRF. Dont 17 journalistes du Matin, le reste sont des photographes, des graphistes et des secrétaires de rédaction», qui assurent aujourd’hui la mise en page du journal.
«Aucune décision n’a encore été prise», selon Tamedia
Patrick Matthey, porte-parole romand du groupe, refusait mercredi soir de commenter l’information dans la mesure où «aucune décision n’a encore été prise». Le conseil d’administration de l’entreprise se réunissait en effet jusqu’à jeudi matin. C’est alors seulement que les employés devraient être informés des détails du plan d’arrêt du Matin papier.
Mercredi en toute fin de journée, le rédacteur en chef Grégoire Nappey et son homologue de 20 minutes Philippe Favre – les deux titres partagent la même rédaction – ont réuni les collaborateurs pour une séance de crise, selon des sources internes. Les deux cadres ont eu l’interdiction de se prononcer hors de leurs murs sur la disparition du titre tant que celle-ci n’a pas été actée par le conseil d’administration. A l’interne, cependant, plus personne n’espère un retournement de situation. «Cela fait des semaines que l’ambiance est mauvaise, commente un des salariés. On le sait, on est condamnés.»
Le Matin ne devrait survivre que sur internet. Le titre était déficitaire depuis plusieurs années – la SRF évoque le chiffre de 6 millions de francs de perte par an –, mais le groupe Tamedia avait jusqu’ici refusé de l’arrêter, notamment pour ne pas alourdir les frais d’impression de ses autres titres, dont 24 heures, La Tribune de Genève et Le Matin dimanche en Suisse romande.
Concurrence du «20 minutes»
Journal populaire, lu et distribué dans les bistrots, Le Matin a souffert de la diffusion du quotidien gratuit 20 minutes, lui aussi propriété du groupe Tamedia. Héritier de la Tribune de Lausanne, le titre existait sous sa forme actuelle depuis trentequatre ans. Selon le dernier rapport annuel de Tamedia, Le Matin est imprimé à près de 38000 exemplaires et atteint 234000 lecteurs en Suisse, un chiffre en diminution de 2% par rapport à l’année précédente.
Stephanie Vonarburg, qui suit le dossier chez Syndicom, regrette «l’opacité» de Tamedia. Une procédure officielle de conciliation est ouverte dans le canton de Vaud. Une séance est d’ores et déjà prévue le vendredi 8 juin. En théorie, rien ne sera décidé tant que cette procédure sera en cours. «Si Tamedia lance un plan de licenciements alors que la conciliation n’est pas finie, ce serait un affront», juge Stephanie Vonarburg. Ce qui marquerait un nouveau chapitre du conflit entre la rédaction et le groupe.
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