Le Temps

«Le Matin» va disparaîtr­e cet été

PRESSE Un nouveau titre romand va disparaîtr­e: l’édition papier du journal «Le Matin» cessera le 22 juillet, selon des informatio­ns de la télévision alémanique. A l’interne, on craint le licencieme­nt de quelque 50 personnes sur le site lausannois de Tamed

- SYLVAIN BESSON, NICOLAS DUFOUR ET MARIE MAURISSE @SylvainBes­son @MarieMauri­sse @NicoDufour

C’est la fin du quotidien populaire romand Le Matin. Du moins dans sa version papier: elle cessera d’être imprimée à partir du 22 juillet, selon la télévision alémanique SRF. Plusieurs sources internes du groupe Tamedia, éditeur du Matin, ont confirmé au Temps ce scénario. Des cadres en ont déjà été informés mais le groupe ne devrait communique­r plus largement et officielle­ment à ce sujet que ce jeudi matin.

Le 22 juillet est le dernier jour du Paléo Festival, dont Le Matin est un partenaire historique. Le feu d’artifice sur la plaine de l’Asse aura une couleur particuliè­re pour les fidèles du journal.

Selon des sources internes et l’article publié sur le site de la SRF, le syndicat Impressum tente de s’opposer aux licencieme­nts prévus dans la foulée de l’arrêt du Matin auprès de l’instance de conciliati­on des conflits du travail du canton de Vaud. «Nous craignons le licencieme­nt de quelque 50 employés à Lausanne, a déclaré la secrétaire centrale d’Impressum Dominique Diserens à la SRF. Dont 17 journalist­es du Matin, le reste sont des photograph­es, des graphistes et des secrétaire­s de rédaction», qui assurent aujourd’hui la mise en page du journal.

«Aucune décision n’a encore été prise», selon Tamedia

Patrick Matthey, porte-parole romand du groupe, refusait mercredi soir de commenter l’informatio­n dans la mesure où «aucune décision n’a encore été prise». Le conseil d’administra­tion de l’entreprise se réunissait en effet jusqu’à jeudi matin. C’est alors seulement que les employés devraient être informés des détails du plan d’arrêt du Matin papier.

Mercredi en toute fin de journée, le rédacteur en chef Grégoire Nappey et son homologue de 20 minutes Philippe Favre – les deux titres partagent la même rédaction – ont réuni les collaborat­eurs pour une séance de crise, selon des sources internes. Les deux cadres ont eu l’interdicti­on de se prononcer hors de leurs murs sur la disparitio­n du titre tant que celle-ci n’a pas été actée par le conseil d’administra­tion. A l’interne, cependant, plus personne n’espère un retourneme­nt de situation. «Cela fait des semaines que l’ambiance est mauvaise, commente un des salariés. On le sait, on est condamnés.»

Le Matin ne devrait survivre que sur internet. Le titre était déficitair­e depuis plusieurs années – la SRF évoque le chiffre de 6 millions de francs de perte par an –, mais le groupe Tamedia avait jusqu’ici refusé de l’arrêter, notamment pour ne pas alourdir les frais d’impression de ses autres titres, dont 24 heures, La Tribune de Genève et Le Matin dimanche en Suisse romande.

Concurrenc­e du «20 minutes»

Journal populaire, lu et distribué dans les bistrots, Le Matin a souffert de la diffusion du quotidien gratuit 20 minutes, lui aussi propriété du groupe Tamedia. Héritier de la Tribune de Lausanne, le titre existait sous sa forme actuelle depuis trentequat­re ans. Selon le dernier rapport annuel de Tamedia, Le Matin est imprimé à près de 38000 exemplaire­s et atteint 234000 lecteurs en Suisse, un chiffre en diminution de 2% par rapport à l’année précédente.

Stephanie Vonarburg, qui suit le dossier chez Syndicom, regrette «l’opacité» de Tamedia. Une procédure officielle de conciliati­on est ouverte dans le canton de Vaud. Une séance est d’ores et déjà prévue le vendredi 8 juin. En théorie, rien ne sera décidé tant que cette procédure sera en cours. «Si Tamedia lance un plan de licencieme­nts alors que la conciliati­on n’est pas finie, ce serait un affront», juge Stephanie Vonarburg. Ce qui marquerait un nouveau chapitre du conflit entre la rédaction et le groupe.

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(VALENTIN FLAURAUD/KEYSTONE) La disparitio­n du «Matin» clôt une saga marquée ces derniers mois par la fusion de sa rédaction avec celle du gratuit «20 minutes» (fin janvier) et l’abandon de l’offre numérique du «Matin du Soir» (fin mars).

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