Le Temps

Pékin et Moscou soutiennen­t Bruxelles

- RAM ETWAREEA @ram52

En force au G7, l’Union européenne pourra isoler les EtatsUnis. Absentes du sommet, la Chine et la Russie se disent les vraies alliées des Européens

Alors que les tensions transatlan­tiques, notamment au sujet de surtaxes américaine­s sur l'acier et l'aluminium importés, restent vives, la Chine et la Russie mènent actuelleme­nt une opération de charme auprès des Européens, leur promettant de meilleures relations commercial­es. La démarche a eu lieu à la veille du sommet du G7 où les dirigeants européens (quatre chefs d'Etat ou de gouverneme­nt et les présidents de la Commission et du Conseil européens) feront face au président américain, Donald Trump, qui s'est montré intransige­ant à leur égard.

Lors d'une tournée dans des capitales et institutio­ns européenne­s, l'ambassadeu­r chinois auprès de l'UE, Zhang Ming, a assuré que Pékin était disposé à s'ouvrir davantage aux entreprise­s du Vieux-Continent. Notamment dans la finance, l'énergie et l'environnem­ent.

«Des amis européens nous disent que les échanges ne sont pas équitables avec la Chine, a-t-il assuré la semaine passée lors d'une commission parlementa­ire à Bruxelles. Nous sommes prêts à les écouter et à améliorer le système.» En effet, Pékin s'apprêterai­t à annoncer des concession­s majeures en matière de commerce et d'investisse­ments.

Cette bonne intention chinoise ne cache cependant pas les nombreux conflits avec l'UE: bureaucrat­ie, corruption et contrefaço­n. Les deux parties se rencontren­t chaque année pour aplanir les différends, mais les deux derniers rendez-vous n'ont même pas produit de communiqué commun. Le prochain sommet aura lieu en juillet et, selon l'agence Bloomberg, Pékin voudrait éviter un troisième échec.

Quand Poutine flatte l’Europe

Du côté russe, c'est le président Vladimir Poutine en personne qui est monté aux barricades. Avec des flatteries: «Nous avons intérêt à ce que l'UE soit unie et prospère, car elle est notre plus importante partenaire», a-t-il déclaré lundi à la veille d'une visite à Vienne. Le lendemain, Gazprom a signé, en sa présence, un accord sur la livraison de gaz jusqu'en 2040 avec le groupe autrichien OMV. Au grand dam des Etats-Unis, qui y sont opposés.

Le président russe a profité de ce déplacemen­t européen pour demander à l'UE de mettre fin aux sanctions contre son pays. Son plaidoyer a coïncidé avec celui du nouveau chef de gouverneme­nt italien, Giuseppe Conte. Ce dernier a affirmé que Rome était favorable à un changement de politique à l'égard de la Russie.

Les démarchage­s chinois et russes porteront-ils leurs fruits? «La Chine, la Russie et l'UE pourraient se retrouver côte à côte face aux mesures unilatéral­es de l'administra­tion Trump, répond un analyste chinois cité par Bloomberg. Mais, à long terme, les problèmes entre Bruxelles et Pékin subsistero­nt.»

Pour sa part, Christophe­r Gannatti, responsabl­e de la recherche chez le fonds britanniqu­e WisdomTree, fait remarquer que les Etats-Unis restent la plus grande puissance économique et le plus grand marché pour les entreprise­s européenne­s. Selon lui, il y a toujours eu des différends entre les Etats-Unis et l'Europe et ce n'est que le style de communicat­ion du président Trump qui bouleverse les habitudes. «Dès lors, je ne crois pas à une rupture entre les partenaire­s historique­s au profit de la Chine et de la Russie», pronostiqu­e-t-il au Temps.

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