Ce canton qui reste à inventer
Les JO, un vieux truc? Peut-être. Mais le Valais, est-ce un vieux truc aussi?
L’organisation politique helvétique est ainsi faite que le canton du Valais vient de fermer pour longtemps la possibilité pour la Suisse d’organiser des Jeux olympiques. Avec les Grisons qui se sont prononcés déjà deux fois à ce sujet, c’est une véritable rafale de votes populaires qui a tué cette idée. Soit. La Suisse devra pourtant se poser la question de savoir si elle peut profiter de l’implantation du CIO sur son territoire – et de la myriade de fédérations sportives internationales qui l’accompagnent – sans recevoir un jour ou l’autre ce pour quoi tout ce dispositif existe.
Mais le vote sur Sion 2026 parle bien sûr du Valais. Avec cette décision, c’est le versant traditionnel de ce canton qui se voit mis en touche: celui des partis politiques et des entreprises solidement établis ainsi que des personnalités écrasantes, comme Christian Constantin. Le nouveau Valais qui a émergé – imprégné de développement durable, distancié des appareils du pouvoir, plus «peuple» et moins people – peut représenter une opportunité d’évolution pertinente dans la manière de gérer les affaires publiques. Il correspond au réveil d’une certaine société civile, issue majoritairement des villes, désireuse de redessiner la carte politique.
Si on refait le film de ces derniers mois, cela apparaît comme une évidence. Bien sûr que les JO, brutalement enterrés hier, sont apparus aux yeux de la population comme un vieux truc sorti du chapeau «pour faire bouger le canton». Certes, ce type d’événement n’a plus la cote et ses répercussions économiques et écologiques discutables détournent les enthousiasmes que l’on a pu connaître lors de campagnes précédentes. Mais les JO auraient au moins eu le mérite de relancer l’investissement et de donner un coup de projecteur salutaire sur la région.
Les JO, un vieux truc? Peut-être. Mais le Valais, est-ce un vieux truc aussi? C’est bel et bien la suspicion qui va peser sur le canton si un autre grand projet fédérateur n’émerge pas rapidement. Les Valaisans ont montré dimanche qu’ils ne votent plus «groupé» comme on l’a vu lors de votations cruciales pour eux, comme la Lex Weber par exemple. Pour rallier les vallées périphériques et celle du Rhône, le Haut, le Bas et les villes, il faudra désormais trouver autre chose que simplement se liguer contre l’extérieur.
Les gagnants du jour suscitent désormais une double attente, celle d’éviter que le Valais se retrouve plus divisé politiquement et diminué économiquement. S’ils se contentaient du statu quo, ces derniers troqueraient rapidement leur étiquette de progressistes contre celle de néoconservateurs pour n’avoir rêvé, au fond, que d’une seule chose, mettre leur canton sous cloche.