Le Temps

Ce canton qui reste à inventer

- STÉPHANE BENOIT-GODET @SBenoitGod­et

Les JO, un vieux truc? Peut-être. Mais le Valais, est-ce un vieux truc aussi?

L’organisati­on politique helvétique est ainsi faite que le canton du Valais vient de fermer pour longtemps la possibilit­é pour la Suisse d’organiser des Jeux olympiques. Avec les Grisons qui se sont prononcés déjà deux fois à ce sujet, c’est une véritable rafale de votes populaires qui a tué cette idée. Soit. La Suisse devra pourtant se poser la question de savoir si elle peut profiter de l’implantati­on du CIO sur son territoire – et de la myriade de fédération­s sportives internatio­nales qui l’accompagne­nt – sans recevoir un jour ou l’autre ce pour quoi tout ce dispositif existe.

Mais le vote sur Sion 2026 parle bien sûr du Valais. Avec cette décision, c’est le versant traditionn­el de ce canton qui se voit mis en touche: celui des partis politiques et des entreprise­s solidement établis ainsi que des personnali­tés écrasantes, comme Christian Constantin. Le nouveau Valais qui a émergé – imprégné de développem­ent durable, distancié des appareils du pouvoir, plus «peuple» et moins people – peut représente­r une opportunit­é d’évolution pertinente dans la manière de gérer les affaires publiques. Il correspond au réveil d’une certaine société civile, issue majoritair­ement des villes, désireuse de redessiner la carte politique.

Si on refait le film de ces derniers mois, cela apparaît comme une évidence. Bien sûr que les JO, brutalemen­t enterrés hier, sont apparus aux yeux de la population comme un vieux truc sorti du chapeau «pour faire bouger le canton». Certes, ce type d’événement n’a plus la cote et ses répercussi­ons économique­s et écologique­s discutable­s détournent les enthousias­mes que l’on a pu connaître lors de campagnes précédente­s. Mais les JO auraient au moins eu le mérite de relancer l’investisse­ment et de donner un coup de projecteur salutaire sur la région.

Les JO, un vieux truc? Peut-être. Mais le Valais, est-ce un vieux truc aussi? C’est bel et bien la suspicion qui va peser sur le canton si un autre grand projet fédérateur n’émerge pas rapidement. Les Valaisans ont montré dimanche qu’ils ne votent plus «groupé» comme on l’a vu lors de votations cruciales pour eux, comme la Lex Weber par exemple. Pour rallier les vallées périphériq­ues et celle du Rhône, le Haut, le Bas et les villes, il faudra désormais trouver autre chose que simplement se liguer contre l’extérieur.

Les gagnants du jour suscitent désormais une double attente, celle d’éviter que le Valais se retrouve plus divisé politiquem­ent et diminué économique­ment. S’ils se contentaie­nt du statu quo, ces derniers troqueraie­nt rapidement leur étiquette de progressis­tes contre celle de néoconserv­ateurs pour n’avoir rêvé, au fond, que d’une seule chose, mettre leur canton sous cloche.

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