Les Genevois donnent de l’air au logement
61,4%
Le vaste projet d’urbanisation du secteur Praille-Acacias-Vernets (PAV) a été approuvé par les Genevois. Situé sur les territoires des villes de Genève, Carouge et Lancy, ce projet représente un des plus grands potentiels de logements dans le canton. «Le Conseil d’Etat voit sa politique du logement confirmée», s’est réjoui le conseiller d’Etat chargé du dossier, Antonio Hodgers.
«C’est un oui au projet Praille-Acacias-Vernets. Au-delà des querelles de chiffres sur le type de logements, les Genevois ont donné un signal clair en faveur du principe du développement de ce quartier.» Ancien conseiller d’Etat chargé de l’aménagement, Mark Muller a été à l’origine de ce grand projet de requalification urbaine. Pendant près de quinze ans, le PAV n’a eu d’existence que dans les débats parlementaires, les accords entre opposants et autorités et les dessins d’architectes.
Avec le vote de ce dimanche, les choses pourraient changer. Soumis à l’approbation populaire pour la première fois, le PAV a recueilli 61% de oui. La modification de loi approuvée permet de construire 12400 logements pour 6200 places de travail sur 140 hectares. Sur les terrains en mains de l’Etat en zone de développement, 62% de logements d’utilité publique seront construits. Mark Muller était accompagné par d'autres dissidents de droite dans la campagne du oui: «Le projet peut aller de l’avant. C’est une très bonne chose.»
«Je suis convaincu que c’est un vote pour rien» BERTRAND BUCHS, PRÉSIDENT DU PDC GENEVOIS
Pour le conseiller d'Etat chargé du logement, Antonio Hodgers, la satisfaction est intense. Il voit dans ce vote le confirmation de la politique du Conseil d'Etat et se projette dans la prochaine étape: l'adoption des plans localisés de quartier des secteurs Etoile 1 et Acacias 1 (3 300 logements). Aux Vernets, les travaux devraient commencer en 2020. Les inquiétudes liées au financement sont vaines, selon le magistrat: un accord avec plusieurs communes garantit 2,5 milliards. Ne manque plus qu'un pilier à son plan: la création d'une Fondation qui doit négocier le départ des entreprises qui travaillent au PAV. Le Grand Conseil a refusé le projet de loi ad hoc. Un nouveau projet a été déposé auprès de la Commission du logement. «Le Conseil d'Etat appelle les partenaires à sa retrouver et à établir une dynamique de compromis», a conclu Antonio Hodgers.
Le PLR, le PDC et l’UDC étaient opposés à la loi votée dimanche. A leurs yeux, le taux de propriétés par étages (PPE) de 12% ne permet de financer ni les logements, ni le déménagement des entreprises. Pour Marc Fuhrmann, président de l’UDC, «les Genevois ont préféré voir les choses bouger dans le PAV, quitte à accepter un projet mal ficelé». Bertrand Buchs, président du PDC, est plus pessimiste: «Je suis convaincu que c’est un vote pour rien. Dans quatre ans, ils reviendront avec un nouveau projet de loi car ils n’ont simplement pas l’argent nécessaire pour faire partir les entreprises et pour construire.» «Le gouvernement a obtenu ce qu’il cherchait, analyse Benoît Genecand, conseiller national PLR. Pour l’instant, ce projet est fait de promesses, de plans et d’actes juridiques. Il est temps de passer au béton!»
Une campagne qui laissera des traces
La Chambre genevoise immobilière s’était engagée énergiquement dans la campagne du non. Le résultat déçoit, mais ne surprend pas son président, Pascal Pétroz. Il en appelle désormais à une pacification des rapports entre les acteurs du logement à Genève. La campagne a été dure, les deux camps s’accusant mutuellement de mentir. Au sein de la droite, les lézardes sont profondes. «Nous prenons acte de ce résultat et nous en appelons au discours de Saint-Pierre, prononcé par le Conseil d’Etat, qui a mis l’accent sur le consensus et le contrat de législature, dit Pascal Pétroz. Nous y adhérons et nous tendons la main à tous les acteurs de la construction afin de renouveler le pacte de 1957, qui a posé les bases du secteur à Genève.»