Le Temps

«L’essentiel était de réunir les gens»

- CHRISTIAN LECOMTE @chrislecdz­5

«La campagne a été crispée, violente» FRÉDÉRIC RECROSIO

L’humoriste Frédéric Recrosio a convié les Sédunois à un apéro de la réconcilia­tion après le vote. Retrouvail­les entre les oui et les non

Originaire­s de Sierre, les Rouiller père et fils se sont retrouvés dimanche autour d’un verre face à l’Hôtel de Ville de Sion. Eric, le père, a voté non, «parce que le budget était flou et qu’à la fin, il faut éponger les dettes.» Michael, le fiston, était pour, «parce qu’il y avait 6000 emplois à la clé et que forcément cela aurait boosté le Valais.»

Le non l’a emporté, ce qui au final importe peu à Frédéric Recrosio, «l’essentiel étant de réunir les gens». L’humoriste s’est affairé de bon matin afin que sa fête soit réussie. Il l’a appelée «l’apéro de la réconcilia­tion». Seize encaveurs de la région lui ont livré gracieusem­ent 300 bouteilles, des commerçant­s ont fourni saucissons, pommes, tomates cerises et les Croustille­s de Sion. Pourquoi cette initiative? «La campagne a été crispée, parfois violente, surtout sur les réseaux sociaux. Nous avons proposé aux électeurs de se voir, l’idée est de les ramener au café comme jadis, pour avoir du recul, s’offrir un instant de détente et enterrer la hache de guerre.»

Pari gagné. Sur les coups de 14h, ils étaient très nombreux rue du Grand-Pont. Humeur badine, joyeuse parfois. Céline: «Personne n’a perdu, personne n’a gagné, mais on a tous dit m… au CIO.» Elle était enfant en 1999, lorsque le CIO a préféré Turin à Sion pour les Jeux de 2006, mais n’a pas oublié que tout le monde pleurait. Serge trinque avec Fabienne et Alessandro. Deux non, un oui. Serge: «C’est l’histoire des transports qui m’a rebuté, Darbellay a dit qu’il faudrait déplacer 50000 personnes par jour, c’est impossible dans nos montagnes.» Alessandro: «A la fin c’est toujours les mêmes qui engrangent l’argent. Ce n’était pas un projet de la base mais des promoteurs et de la Chambre de commerce.» Fabienne, rancunière: «Les JO c’est la fête, le monde entier se déplace, on va louper ça, on va rester recroquevi­llé dans nos vallées, à bailler dès le matin.»

S’immisce Marylène Volpi Fournier, ancienne députée verte, partisane du non. «Mieux vaut se battre pour une arrivée du Tour de France ou des épreuves de la Coupe du monde de ski», assure-t-elle. Elle poursuit: «Au tourisme de masse promis avec des JO, je préfère celui de qualité, au bon pouvoir d’achat. Plein de Suisses s’en vont skier en Allemagne, en Autriche ou en France. Il faut les retenir en modernisan­t nos stations.» Verre à la main, Cédric abonde: «Un de mes cousins habite Saint-Luc, dans le val d’Anniviers, il passe maintenant ses congés d’hiver aux Gets en France parce que l’accueil est meilleur, il y a des animations pour les enfants. Ici, le vacancier doit passer chercher les clés de son chalet à l’agence et après il doit se débrouille­r pour le trouver.»

A deux pas de là, sur la place de la Planta se tenait un rassemblem­ent de vespa. Séverine est venue de Tignes (Savoie) avec son Piaggio de 1982. En apprenant le non des Valaisans aux JO, elle est ébahie: «Je ne comprends pas. Nous les avons eus chez nous, ceux d’Albertvill­e en 1992, et on bénéficie encore de retombées. Si le Tour de France vient encore cette année, c’est parce que les JO ont fait connaître notre région. Et les équipement­s servent plus que jamais, la piste de bob est devenue un roller park.»

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(KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT) A Sion, partager un verre pour oublier les divisions.

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