Vers la fin des JO d’hiver en Suisse
Il n’y aura plus de candidature suisse le temps d’une génération au moins, estiment de nombreux parlementaires à Berne après le non valaisan
La Suisse ne sera pas le premier pays à organiser des Jeux olympiques d’hiver plus modestes et durables. Il est même probable qu’elle n’organisera plus jamais une telle manifestation. Après la décision négative du peuple valaisan à la candidature de Sion 2026, le monde politique est unanime à estimer que la balle est désormais dans le camp du CIO, qui doit impérativement se remettre en question.
Alors que le ministre des Finances Ueli Maurer s’est contenté de déclarer «qu’il fallait accepter le verdict populaire», le conseiller national Christian Wasserfallen (PLR/BE) a très bien résumé la situation. «Dommage. Nous aurions volontiers organisé une manifestation sans gigantisme dans nos Alpes. Une fois de plus, les prochains JO d’hiver se dérouleront quelque part sur des collines vertes», a-t-il déploré sur Twitter.
La victoire de Silva Semadeni
«Je suis contente. C’est une décision sage», s’est en revanche réjouie Silva Semadeni. La socialiste grisonne avait provoqué un débat animé au Conseil national en mars dernier à propos de sa motion réclamant un vote populaire au niveau national. A la surprise générale, elle avait remporté une courte victoire (92 voix contre 87), annonciatrice du malaise ambiant. «Je pense qu’il n’y aura pas de Jeux olympiques en Suisse, du moins le temps d’une génération», estimet-elle. Le temps pour le CIO de montrer s’il est capable de se remettre en question. «Actuellement, le CIO est incapable d’organiser des JO compatibles avec des impératifs de durabilité. Son agenda 2020 ne contient que des recommandations. Alors que le CIO l’avait déjà adopté, il a attribué les prochains JO d’hiver à Pékin.» Bref, les JO sont trop chers et pas assez écologiques.
Cela, son collègue Matthias Aebischer (PS/BE), l’un des plus fervents lobbyistes du sport sous la Coupole fédérale, le pense aussi. «Mais la Suisse aurait été le pays idéal pour relever le défi d’organiser des JO d’hiver à taille humaine, car toutes les installations existent déjà», insiste-t-il.
Les JO d’hiver en sursis
Selon lui, c’est désormais au CIO de réussir les réformes nécessaires. «D’une part, il doit mettre un terme au gigantisme et à la corruption. D’autre part, il doit s’engager sérieusement pour des Jeux respectueux de l’environnement et donner des garanties financières aux villes organisatrices en cas de déficit», affirme Matthias Aebischer. «Sinon, les JO d’hiver sont morts!» avertit-il.
En dehors du monde politique, les milieux écologiques jubilent, tandis que le tourisme et l’hôtellerie se désolent. «Le projet de Sion 2026 n’a pas trouvé d’issue au dilemme entre l’utilisation des infrastructures existantes et un concept de déplacement écologique», a réagi l’Association transports et environnement (ATE). De son côté, la Fédération suisse du tourisme, entre autres, regrette «une occasion manquée». Selon ses estimations, les JO auraient généré «entre 1,5 et 2,4 millions de nuitées supplémentaires, environ 6000 emplois et un chiffre d’affaires d’environ 5 milliards de francs».
«Une fois de plus, les prochains JO d’hiver se dérouleront quelque part sur des collines vertes» CHRISTIAN WASSERFALLEN, CONSEILLER NATIONAL (PLR/BE)