Le Temps

Vers la fin des JO d’hiver en Suisse

- MICHEL GUILLAUME, BERNE @mfguillaum­e

Il n’y aura plus de candidatur­e suisse le temps d’une génération au moins, estiment de nombreux parlementa­ires à Berne après le non valaisan

La Suisse ne sera pas le premier pays à organiser des Jeux olympiques d’hiver plus modestes et durables. Il est même probable qu’elle n’organisera plus jamais une telle manifestat­ion. Après la décision négative du peuple valaisan à la candidatur­e de Sion 2026, le monde politique est unanime à estimer que la balle est désormais dans le camp du CIO, qui doit impérative­ment se remettre en question.

Alors que le ministre des Finances Ueli Maurer s’est contenté de déclarer «qu’il fallait accepter le verdict populaire», le conseiller national Christian Wasserfall­en (PLR/BE) a très bien résumé la situation. «Dommage. Nous aurions volontiers organisé une manifestat­ion sans gigantisme dans nos Alpes. Une fois de plus, les prochains JO d’hiver se dérouleron­t quelque part sur des collines vertes», a-t-il déploré sur Twitter.

La victoire de Silva Semadeni

«Je suis contente. C’est une décision sage», s’est en revanche réjouie Silva Semadeni. La socialiste grisonne avait provoqué un débat animé au Conseil national en mars dernier à propos de sa motion réclamant un vote populaire au niveau national. A la surprise générale, elle avait remporté une courte victoire (92 voix contre 87), annonciatr­ice du malaise ambiant. «Je pense qu’il n’y aura pas de Jeux olympiques en Suisse, du moins le temps d’une génération», estimet-elle. Le temps pour le CIO de montrer s’il est capable de se remettre en question. «Actuelleme­nt, le CIO est incapable d’organiser des JO compatible­s avec des impératifs de durabilité. Son agenda 2020 ne contient que des recommanda­tions. Alors que le CIO l’avait déjà adopté, il a attribué les prochains JO d’hiver à Pékin.» Bref, les JO sont trop chers et pas assez écologique­s.

Cela, son collègue Matthias Aebischer (PS/BE), l’un des plus fervents lobbyistes du sport sous la Coupole fédérale, le pense aussi. «Mais la Suisse aurait été le pays idéal pour relever le défi d’organiser des JO d’hiver à taille humaine, car toutes les installati­ons existent déjà», insiste-t-il.

Les JO d’hiver en sursis

Selon lui, c’est désormais au CIO de réussir les réformes nécessaire­s. «D’une part, il doit mettre un terme au gigantisme et à la corruption. D’autre part, il doit s’engager sérieuseme­nt pour des Jeux respectueu­x de l’environnem­ent et donner des garanties financière­s aux villes organisatr­ices en cas de déficit», affirme Matthias Aebischer. «Sinon, les JO d’hiver sont morts!» avertit-il.

En dehors du monde politique, les milieux écologique­s jubilent, tandis que le tourisme et l’hôtellerie se désolent. «Le projet de Sion 2026 n’a pas trouvé d’issue au dilemme entre l’utilisatio­n des infrastruc­tures existantes et un concept de déplacemen­t écologique», a réagi l’Associatio­n transports et environnem­ent (ATE). De son côté, la Fédération suisse du tourisme, entre autres, regrette «une occasion manquée». Selon ses estimation­s, les JO auraient généré «entre 1,5 et 2,4 millions de nuitées supplément­aires, environ 6000 emplois et un chiffre d’affaires d’environ 5 milliards de francs».

«Une fois de plus, les prochains JO d’hiver se dérouleron­t quelque part sur des collines vertes» CHRISTIAN WASSERFALL­EN, CONSEILLER NATIONAL (PLR/BE)

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland