Le Temps

Le bonheur partagé de Simona Halep

- L. FE

La numéro 1 mondiale a vaincu ses peurs et Sloane Stephens (3-6 6-4 6-1). Après trois échecs en finale de Grand Chelem, sa victoire à Roland-Garros fait plaisir à tout le monde

Peut-on perdre quand on a avec soi Virginia Ruzici (vainqueur à Paris en 1978, devenue son agente), Gheorghe Hagi, Nadia Comaneci et le public de Roland-Garros? Non, Simona Halep ne pouvait pas perdre cette finale dames samedi. Pas cette fois. La numéro un mondiale a remporté le premier titre de sa carrière en Grand Chelem et cela semblait même presque faire plaisir à sa rivale Sloane Stephens. L’Américaine, vainqueur surprise du dernier US Open, est peut-être la grande confirmati­on de ce «French Open». Pendant un peu plus d’un set, elle a été injouable pour son adversaire – sans pour autant surjouer –, comme elle l’avait été aux tours précédents.

Simona Halep, que l’on imaginait friable mentalemen­t après ses trois premières finales perdues (ou peut-être «à cause de» ces trois échecs), a su laisser passer l’orage. Menée 3-6 0-2, la Roumaine a alors remporté 20 des 24 points suivants, démontrant toute sa déterminat­ion et sa science du tennis. Sa troisième manche est bien celle d’une numéro un mondiale: 86% de premier service, seulement 5 fautes directes et 100% de balles de break converties (2/2).

«Je n’ai jamais pensé que j’étais maudite, a assuré Simona Halep après sa victoire. Avoir été trois fois en finale voulait dire que j’étais toute proche. Il fallait juste que je continue d’y croire. Et c’est ce que j’ai fait, même quand Sloane Stephens jouait si bien.»

Face à ses responsabi­lités

Preuve que chaque match est différent et qu’il n’y avait pas de malédictio­n, son entraîneur, l’Australien Darren Cahill, n’avait pas hésité avant la finale à la placer face à ses responsabi­lités. «Pour les autres finales, il m’avait dit de profiter du moment, a raconté Simona Halep. Cette fois, il m’a juste intimé: «Aujourd’hui, tu y vas et tu prends le match.» C’était une bonne pression, une pression positive. Il m’a fait sentir que j’étais assez forte pour le faire.» Très souvent titré en tant qu’entraîneur d’Andre Agassi ou de Lleyton Hewitt, Cahill a accueilli son premier succès dans le tennis féminin avec beaucoup d’émotion.

Comme Graf et Federer

Avec Halep, qui conforte sa première place au classement WTA, le tennis féminin peut se réjouir de tenir une excellente ambassadri­ce. La Roumaine (26 ans) est à la fois une joueuse de grand talent, une jeune femme sympathiqu­e et une personnali­té attachante. Le public parisien l’a bien compris en l’encouragea­nt comme rarement. Il faut sans doute remonter aux victoires de Roger Federer en 2009 et de Steffi Graf en 1999 (contre Martina Hingis) pour retrouver trace d’un tel parti pris en faveur d’un(e) non-Français(e). Cela classe le personnage.

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