Le Temps

Sur le Léman, les 7 bols de Chris Wahl

- L. FE ■

«On dit toujours que pour gagner le Bol d’or, il faut un peu de réussite. Mais la chance, ça se provoque» CHRISTIAN WAHL, PROPRIÉTAI­RE ET BARREUR DE MOBIMO

Dans de très faibles conditions de vent, Mobimo remporte le 80e Bol d’or Mirabaud, permettant ainsi à Christian Wahl de rejoindre au palmarès Philippe Durr, Philippe Stern et Pierre-Yves Jorand avec sept victoires

Il était déjà minuit un quart, et l’on était donc le dimanche 10 juin, lorsque Mobimo franchit en vainqueur la ligne d’arrivée du Bol d’or Mirabaud, 14 heures, 14 minutes et 2 secondes après le départ. Le propriétai­re et barreur du D35, Christian Wahl, pouvait donc fêter en même temps son 59e anniversai­re et sa septième victoire, vingt-deux ans après la première.

Pour ses 80 ans, la grande régate lémanique s’est racontée dans une bande dessinée publiée cette semaine, Le Bol d’or, 80 ans de régate sur le Léman. «Les 7 bols de Chris Wahl» pourrait être le titre de l’album de l’édition 2018. Le sorcier du Léman rejoint ainsi trois autres légendes de la course, Philippe Durr, Philippe Stern et Pierre-Yves Jorand, dans le carré VIP des recordmen à sept victoires. En revanche, Donna Bertarelli échoue à placer son Ladycat by Spindrift dans le livre des records: c’était pour elle la dernière opportunit­é de remporter une troisième victoire en cinq ans, et ainsi de décrocher définitive­ment le Challenge du Bol d’or, réussi par seuls trois voiliers mythiques: Marie-José II, Altaïr et Alinghi.

Connaissan­ce intime du lac

Mobimo s’est imposé avec trois minutes d’avance sur Okalys Youth Project (Arnaud Grange et Loïck Peyron). Ylliam Comptoir Immobilier (Bertrand Demole) termine troisième, Alinghi (Ernesto Bertarelli) quatrième. Entouré d’un jeune équipage (Victor Casas, Bryan Mettraux, Cédric Schmidt, Corentin Horeau et Tim Lapauw), Christian Wahl a fait parler son grand sens tactique, son expérience des D35 (17e participat­ion consécutiv­e en multicoque) et une connaissan­ce intime du lac. Il fallait bien tout cela pour se sortir du piège d’un Léman sans vent. «C’était évidemment long et il y avait beaucoup de tension, expliquait-il à la Nautique après sa victoire. Nous avons su faire preuve de patience. On a géré les moments clés sereinemen­t. On dit toujours que pour gagner le Bol d’or, il faut un peu de réussite. Mais la chance, ça se provoque.»

Un lac d’huile a obligé les Formule 1 du Léman à jouer à une partie de Hâte-toi lentement. Et que dire des autres! A 2h00, seuls 179 des 543 bateaux avaient passé la marque du Bouveret. A 3h30, au moment où le premier monocoque franchissa­it la ligne d’arrivée, 321 équipages n’avaient toujours pas viré à mi-course!

Ladycat a mené la course entre Versoix et Lausanne, puis Ylliam a pris le relais. Phaedo 2 a viré en tête à la mi-course. Puis Zen Too, Ylliam, Alinghi, Safram et Okalys ont tour à tour pris la tête de la flotte. A 22 heures samedi, au large de Nernier, cinq D35 et M1 pouvaient encore prétendre à la victoire. C’est finalement Mobimo, déboulant de la côte suisse, qui a su profiter d’une risée et coiffer Okalys au poteau.

Dans les autres catégories, un même suspense

Le premier catamaran M2, Swiss Medical Network de Didier Pfister, boucle le parcours en 14 heures 47 minutes et 7 secondes. Là encore, la lutte a longtemps été indécise. Après 8h30 de course, les quatre premiers bateaux passaient la bouée du Bouveret en l’espace de 90 secondes. Swiss Medical Network a pris la tête sur le retour au large d’Yvoire mais a senti jusqu’au bout la menace de ses poursuivan­ts. Dans la catégorie monocoque, TBS, skippé par François Thorens, a franchi la ligne d’arrivée à 3h30 dimanche, après 17h30 de course.

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