Les banques, filon de la fiction TV suisse
Ces jours est dévoilé ici «Private Banking», double téléfilm de la SRF préparé en parallèle à «Quartier des banques», la série de la RTS. Les ressemblances sont étonnantes. Alors, qui présente le plus beau lingot télévisuel?
Dans les maisons SSR, pendant quelques années, s’est déroulée une drôle de concurrence. Ce n’était pas une compétition entre cadres requins, ni une guerre entre présentateurs aux dents qui raient les parquets des studios, mais une course à la fiction. Ce qui est plus original. En cause, l’instauration de fictions sur le monde a priori peu glamour des banques privées. En terres romandes, on développait Quartier
des banques, dévoilée en novembre dernier, avec un certain succès: triomphe d’audience local, diffusion en Belgique et au Danemark, et sans doute d’autres bientôt… Dans le camp adverse, donc alémanique, on concoctait Private Banking.
En réalité, il n’y a pas tout à fait eu concurrence: les démarches ont été parallèles, Private Banking émane d’un concours à idées de la SRF qui a suscité plus de 100 propositions. Ce double front helvétique a néanmoins fait grincer quelques dents.
Ménage moral
Après la production du terroir, les amateurs pourront découvrir, mardi, la création alémanique, qui sera aussi montrée par Arte, coproductrice. L’idée de série a été resserrée en un double téléfilm d’un peu plus de trois heures. D’emblée, on est stupéfait par la ressemblance des deux postulats. Dans Quartier
des banques, un banquier trébuche, est dans le coma, sa soeur enquête tout en prenant la tête de l’établissement. Presque idem dans Private
Banking: Leo Weyer, fondateur d’une banque de la place zurichoise, a une attaque et se retrouve… dans le coma. Sa fille (l’excellente Stephanie Japp, dont le mari est interprété par Bruno Todeschini), devenue psychologue et ayant peu de liens avec lui, se voit remettre la totalité des parts, à la surprise générale.
Prime à la tension
Les grigous qui dirigent la maison s’empressent de vouloir la mettre de côté en lui faisant signer une déclaration de renoncement, mais elle fait volte-face. Contre son mari, horrifié par cette aventure, mais avec l’appui de la responsable juridique de la société, la fille du paternel bancaire choisit de prendre le pouvoir et de faire le ménage moral: sus aux comptes douteux et à la fraude fiscale, vive les placements éthiques! Cependant, les vieilles habitudes ont la vie dure…
Qui gagne le concours du lingot télévisuel? Sans cocorico welsche, disons que c’est quand même la série romande. Avec Private
Banking, Bettina Oberli propose une approche intéressante du milieu, et quelques scènes fortes autour des pratiques bancaires. L’écriture demeure cependant contemplative, en retrait, tout en s’appuyant sur la bonne volonté un brin caricaturale de l’héroïne. Quartier des banques a pour elle le choix d’un caractère de thriller (qu’est-il arrivé au personnage de Vincent Veillon?), ce qui lui confère une plus grande tension. ■