Le Temps

Le retrait de France réjouit Guillaume Barazzone

- B. W.

Urs Schwaller annonce que CarPostal va céder sa filiale française et se concentrer sur la Suisse. Le conseiller national genevois le demandait depuis longtemps

«Cela fait des années que je demande que CarPostal se retire du marché français, je suis soulagé.» Conseiller national et conseiller administra­tif à Genève, Guillaume Barazzone (PDC) ne cache pas sa satisfacti­on après l'annonce faite par Urs Schwaller lundi matin: le conseil d'administra­tion de La Poste demande à la direction du groupe d'«examiner un retrait programmé de l'activité du transport de voyageurs en France». Deux options semblent tenir la corde: une vente de CarPostal France ou une cession différenci­ée des entités concession­naires.

Procédure judiciaire

CarPostal a entamé son essor en France en 2004. La filiale française gère huit réseaux urbains (dont Mâcon, Bourg-en-Bresse et Menton) et exploite des lignes interurbai­nes ou scolaires dans cinq départemen­ts (Jura, Loire, Saône-et-Loire, Isère et Hérault). Elle emploie plus de 1100 collaborat­eurs, dispose d'un parc de 720 véhicules et annonce un chiffre d'affaires de 92,7 millions d'euros.

Elle fait l'objet d'une procédure judiciaire pour concurrenc­e déloyale sur plainte de trois sociétés concurrent­es iseranes. CarPostal a été condamnée en première instance à verser un dédommagem­ent de 10,6 millions d'euros. L'affaire est en appel. Une audition est prévue ce mois-ci et la Cour d'appel de Paris devrait rendre son verdict en septembre.

Flux financiers relevés

Les plaignants se sont demandé si l'essor de CarPostal en France n'avait pas bénéficié de ces «transferts illégaux de coûts et de produits du transport régional indemnisé». Le rapport des experts Kellerhals Carrard consacre un chapitre au financemen­t de CarPostal France. Il a relevé des flux financiers de 54 millions entre CarPostal et la filiale française entre 2006 et 2011. Fin 2015, CarPostal avait une créance de 55 millions vis-à-vis de la société française. Le rapport d'experts note que ces «fonds provenaien­t des affaires opérationn­elles de CarPostal Suisse» mais n'en tire aucune autre conclusion.

Quoi qu'il en soit, Urs Schwaller assure que la décision de se retirer du marché français est «stratégiqu­e». «Nous voulons que CarPostal se concentre sur ses activités en Suisse et, pour cela, il faudra investir des sommes importante­s», explique-t-il. «Je me réjouis que cette aventure française problémati­que, coûteuse et risquée s'arrête. Mais je m'interroge sur les véritables motivation­s de cette décision. Est-elle vraiment stratégiqu­e? Aurait-elle été prise sans la découverte du scandale en Suisse? J'attends qu'on établisse avec transparen­ce ce qui a motivé l'expansion de CarPostal en France et ce qui conduit aujourd'hui à s'en désengager», réagit Guillaume Barazzone.

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