La gestion de La Poste mécontente à droite comme à gauche
Le président du conseil d’administration de La Poste, Urs Schwaller, a annoncé la suspension de la direction de CarPostal. Cela n’a pas suffi pour rassurer les parlementaires sur la gestion globale du géant jaune
CarPostal a encaissé pour plus de 78 millions de francs d'indemnités en trop de la part des cantons et de la Confédération entre 2007 et 2015. Pour répondre à ces irrégularités, le Conseil fédéral a suspendu la direction de La Poste ce lundi. Le gouvernement rejette cependant toute responsabilité et maintient sa confiance dans le conseil d'administration du géant jaune. Cela n'apaise ni la gauche ni la droite.
«Le Conseil fédéral n’est pas curieux»
Pour Olivier Feller (PLR/VD), conseiller national à l'origine de plusieurs questions et interpellations parlementaires concernant la gestion de La Poste, l'entreprise étatique faisait de la «rétention d'informations». Il salue le départ «indispensable» de la directrice du groupe, Susanne Ruoff, mais critique la gestion de l'affaire par le gouvernement: «Je ne comprends pas pourquoi tout a été scanné sauf le conseil d'administration!» tempête le Vaudois. «Le président (Urs Schwaller) cherche à échapper à toute responsabilité. Lors du grounding de Swissair, le conseil d'administration avait pourtant lui aussi été passé au crible.» Pour rétablir la confiance, dit-il, «il est nécessaire que le rôle de cet organe soit également examiné».
Le politicien exige par ailleurs plus de «curiosité» de la part du Conseil fédéral, qui n'a, selon lui, pas joué son rôle «d'actionnaire unique» de manière suffisamment attentive. «Je réserve mon jugement jusqu'à la parution du rapport complémentaire promis par Doris Leuthard», dit-il, sans exclure une possible intervention au parlement.
«Le service public ne doit pas être géré comme une multinationale»
Le conseiller national socialiste Mathias Reynard (VS) n'est pas non plus tendre avec la direction de La Poste, contre laquelle il s'insurge depuis plusieurs années. Le géant jaune s'éloigne, selon lui, de sa mission principale: le service public. Ainsi, c'est d'un «profond changement» qu'a besoin l'organisme, martèle le parlementaire valaisan, qui souligne avoir demandé plus de transparence de la part du groupe «il y a déjà très longtemps».
Mathias Reynard salue le départ «inéluctable» de la directrice du groupe, mais reste sur ses gardes: «Il faudra voir qui lui succède, dit-il. Ce qu'il nous faut maintenant, c'est une personne qui a la culture du collectif, pas un CEO. La Poste n'est pas une multinationale, c'est du service public!»
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