Prendre Uber coûtera 10% plus cher
La multinationale relève ses prix, car le métier de chauffeur est plus coûteux à exercer à cause de nouvelles réglementations, dit-elle. L’argent ne financera pas de protection sociale pour les conducteurs
Une course moyenne de 6 ou 7 km avec un véhicule Uber coûte généralement 25 francs à Genève. Mais à partir de ce mardi, l’utilisateur de la plateforme de service de véhicules avec chauffeur (VTC) devra débourser 10% de plus. «Nous avons pris cette décision après consultation des partenaires chauffeurs, car la pratique de ce métier est devenue plus coûteuse en Suisse romande», explique au Temps Alexandre Molla. Pour le manager d’Uber Suisse romande, qui ne craint pas que les utilisateurs se détournent d’Uber, l’évolution réglementaire tire les coûts vers le haut, car elle met en place une professionnalisation de l’activité. A titre d’exemple, la loi sur les taxis, en vigueur à Genève depuis juillet 2017, instaure un nouvel examen pour les chauffeurs.
Autre raison à la hausse des prix évoquée par Alexandre Molla: attirer des chauffeurs. «La demande de mobilité augmente de manière très marquée dans l’Arc lémanique, où nous enregistrons près de 3000 téléchargements de notre application chaque semaine, poursuit-il. Nous avons donc besoin d’augmenter le nombre des chauffeurs utilisant l’application pour répondre à cette croissance, qui se poursuivra dans les années à venir.» Or, 3% seulement d’entre eux n’utilisent que la plateforme Uber, selon notre interlocuteur.
L’immense majorité des quelque 1500 conducteurs d’Uber en Suisse romande (sur 3000 dans l’ensemble du pays) a recours à plusieurs plateformes de VTC. La plupart se sont également constitué une clientèle privée. En payant mieux ses chauffeurs, Uber les encourage à utiliser davantage sa plateforme. Le groupe prélève 25% du chiffre d’affaires de ses chauffeurs.
«L’objectif consiste à maintenir un équilibre entre l’offre et la demande; pour nous, la densité de chauffeurs est l’élément clé pour offrir un niveau de service et de fiabilité élevé, tout en permettant un niveau d’activité intéressant pour les chauffeurs partenaires, nos premiers clients», reprend Alexandre Molla. En effet, si de trop nombreux conducteurs sont actifs dans une zone donnée, ils n’effectuent pas suffisamment de courses, ce qui limite leurs revenus. Paradoxalement, une pénurie de chauffeurs a la même conséquence, car le conducteur met davantage de temps à aller chercher son client suivant, ce qui limite le nombre de courses payantes qu’il peut encaisser.
L’entreprise ne communique pas le revenu moyen de ses chauffeurs, mais a laissé entendre que le bénéfice médian dégagé par un de ses chauffeurs aux Etats-Unis serait de 13 dollars de l’heure (12,80 francs). Uber conteste, par ailleurs, une étude du MIT de Boston qui ramène ce chiffre à 8,55 dollars de l’heure.
«Nous devons augmenter le nombre des chauffeurs Uber pour répondre à la croissance du secteur»
ALEXANDRE MOLLA, RESPONSABLE D’UBER SUISSE ROMANDE Uber veut que ses chauffeurs gagnent mieux leur vie, et donc qu’ils travaillent davantage pour la plateforme de véhicules avec chauffeur.
Risque légal
L’augmentation des tarifs n’a pas pour but de contribuer à la couverture sociale des chauffeurs romands d’Uber. Alexandre Molla révélait en mars au Temps que la multinationale réfléchissait à améliorer la protection de ses chauffeurs en cas d’accident ou de maladie.
La multinationale finance ainsi depuis le 1er juin une assurance en cas d’accident ou d’arrêt de travail à tous ses chauffeurs européens, avec l’assureur Axa. Mais ce n’est pas possible en Suisse, observe Alexandre Molla: «Nous souhaiterions offrir ce type de couverture en Suisse, mais la rigidité de la réglementation du travail locale nous ferait courir le risque d’être requalifié d’employeur des chauffeurs, alors que ce qu’ils valorisent, c’est bien la flexibilité dont ils bénéficient.» Un statut qu’Uber veut absolument éviter, afin de ne pas devoir salarier ses chauffeurs et payer des cotisations sociales.
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