Koller, une affaire de famille ancrée dans son temps
Retour, à l’occasion de son soixantième anniversaire, sur les clés du succès de cette maison zurichoise de ventes aux enchères, numéro 1 sur le marché helvétique
Soixante ans après sa fondation, la maison de ventes Koller est toujours aux mains de la même famille. Cyril Koller, jeune quinquagénaire, a pris en 1998 les commandes de l’entreprise fondée par son père trente ans auparavant. Quant à la troisième génération, incarnée par trois des filles de l’actuel patron, elle a fait son entrée, à son tour, au siège zurichois de Koller Auctions, sur la Hardturmstrasse.
Plus discrète que les multinationales Christie’s et Sotheby’s, Koller a su tracer son sillon, devenant en l’espace de quelques décennies le numéro 1 en Suisse des ventes aux enchères, et la deuxième maison germanophone derrière l’autrichienne Dorotheum. Elle a pris l’ascendant sur des sociétés plus anciennes, comme les galeries Kornfeld, implantée depuis 1919 à Berne, et Stuker, née il y a près de quatre-vingts ans dans la capitale.
Souplesse et réactivité
Forte de 70 salariés, cette maison de ventes généraliste réalise aujourd’hui, bon an mal an, entre 70 et 100 millions de francs de chiffre d’affaires pour une soixantaine de ventes, contre 30 millions il y a vingt ans. Ses points forts: sa souplesse et sa réactivité, reposant sur la proximité avec ses clients et sur ses experts maison, placés à la tête de ses seize départements. «Quatre-vingt pour cent des objets que nous vendons sont issus du marché suisse. Ils proviennent de toute la Suisse, de Saint-Gall à Genève, de Bâle à Coire», souligne Cyril Himmer, directeur de Koller pour la Suisse romande. En revanche, pour les objets au-dessus d’une certaine valeur, ajoute-t-il, les pièces proviennent, à parité, à 50% de Suisse et 50% de l’étranger.
De Genève à Pékin
La maison obtient ses produits de vente les plus élevés en art moderne – de fortes enchères ont été obtenues pour des oeuvres de Renoir et de Signac – et en art suisse, secteur dans lequel elle s’est hissée au rang de leader mondial. Elle détient plusieurs records mondiaux pour Albert Anker (7,4 millions de francs pour Leçon de gymnastique à Ins, 1879) et Giovanni Giacometti (4,04 millions pour Panorama de Flims, 1904) notamment. Réalisant une part importante de son chiffre d’affaires sur le segment supérieur du marché (entre 100000 francs et plusieurs millions), Koller vend 80% des objets qui lui sont confiés à l’international, à des collectionneurs et acheteurs étrangers.
Cette internationalisation du marché tient sans doute aux expositions itinérantes organisées, avant les ventes de prestige, à Paris, Munich, Düsseldorf, Hongkong et Pékin. Mais aussi au fait que la maison suisse a rejoint en 1998 International Auctioneers, une association internationale comportant neuf maisons de ventes implantées dans huit pays.
«Dans les années 1990, Pierre Koller soutenait que, lorsqu’on détenait un objet exceptionnel, on n’avait pratiquement pas à en faire la promotion. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Même si on met en vente une pièce de très haut niveau, il faut le faire savoir, communiquer avec nos collectionneurs, sans cesse rappeler à vos clients que vous existez, et réaliser des expositions pour trouver de nouveaux collectionneurs», poursuit Cyril Himmer.
Pour être en phase avec l’air du temps et renouveler sa clientèle, Koller va lancer, en fin d’année, des ventes d’objets d’art qui seront réalisées entièrement en ligne après avoir exposé ces pièces à Genève et à Zurich. Pour titiller les collectionneurs en herbe, la maison de ventes, qui fait feu de tout bois, est déjà «présente sur Facebook, Instagram et d’autres réseaux sociaux», sourit Karl Green, le directeur du marketing.
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La maison va lancer des ventes d’objets d’art entièrement en ligne après avoir exposé ces pièces à Genève et Zurich