Le Temps

La parole du pape François, ou le credo humaniste de Wim Wenders

Au nom de l’égalité, les voleurs virils s’effacent devant les cambrioleu­ses de charme. Cate Blanchett, Sandra Bullock ou Rihanna jouent les monte-en-l’air high-tech dans «Ocean’s 8»

- ANTOINE DUPLAN @duplantoin­e

La parité progresse mais on est encore loin du compte: elles ne sont que huit, les voleuses, contre onze, douze, voire treize pour leurs confrères masculins. Le gang de malfrats qui, devant la caméra de Steven Soderbergh, pillait les casinos dans Ocean’s 11 (2001), 12 (2004) et 13 (2007) a cédé la place à un gang de cambrioleu­ses haut de gamme.

Bouche en coeur, Debra Ocean (Sandra Bullock) passe devant la commission probatoire. Elle jure, une larme au coin de l’oeil, qu’elle mènera une vie honnête. Libérée sur parole, elle part préparer le casse du siècle. Il faut dire qu’elle est la soeur de Danny Ocean, le fameux filou, et que dans la famille ils sont tous escrocs et voleurs (sauf la tante Ida).

Forces attractive­s

Elle prend contact avec Lou (Cate Blanchett), qui rallonge de la vodka avec de l’eau, débauche Rose Weil (Helena Bonham Carter), couturière zinzin qu’on dirait échappée du Pays des Merveilles de Tim Burton, la hackeuse Nine Ball (Rihanna), la joaillière Amita (Mindy Kaling), la pickpocket Constance (Awkwafina) et Tammy (Sarah Paulson), grande bourgeoise et cambrioleu­se.

Issue de différente­s ethnies, génération­s et milieux sociaux, elles sont toutes belles, intelligen­tes et surdouées. Elles unissent leurs forces pour voler le collier de diamants, d’une valeur de 150 millions de dollars, qu’une grande star du cinéma, Daphne Kluger (Anne Hathaway), porte lors d’une soirée de gala au Met pour l’inaugurati­on d’une exposition de bijoux royaux européens.

Le scénario de ce spin-off se structure, comme de bien entendu, en trois temps menés sur un rythme funky et ponctué d’intermèdes musicaux empruntés à Bach ou à AznaLe vour. La préparatio­n du coup est superficie­lle, verbeuse, relativeme­nt hermétique et totalement invraisemb­lable. Chorégraph­ié comme un ballet luxueux, le vol suscite l’excitation. Quant à l’enquête qui s’ensuit, elle est bâclée et tronquée.

A la réussite du cambriolag­e s’ajoute le prestige d’un traître puni. Les grands films de hold-up d’antan, avec les montres qu’on règle et les fausses barbes, ont laissé place à des produits pasteurisé­s dans lesquels la technologi­e supplante la psychologi­e. Et plus les choses se compliquen­t, plus les solutions sont naïves: le collier est verrouillé par une clé magnétique? Coup de bol: comme nombre d’adolescent­es de Brooklyn, la soeur de Nine Ball a les forces attractive­s pour hobby…

Au dernier plan, Debra boit un martini dry devant la tombe de son frère, Danny, 1963-2017. Est-il vraiment mort, ce sympathiqu­e bandit? A quel moment va-t-il rejaillir du tombeau tel un guignol à ressort pour de nouveaux fric-frac high-tech à onze, douze ou treize voire 21 et plus si les frangines s’en mêlent? On est parti pour une longue franchise à choix multiples.

Les grands films de hold-up d’antan ont laissé place à des produits pasteurisé­s

Ocean’s 8 (Ocean’s Eight), de Gary Ross (Etats-Unis, 2018), avec Sandra Bullock, Cate Blanchett, Anne Hathaway, Helena Bonham Carter, Rihanna, Mindy Kaling, Awkwafina, Sarah Paulson, 1h50.

 ?? (WARNER BROS) ?? Sandra Bullock, Cate Blanchett, Rihanna, Mindy Kaling, Awkwafina, Helena Bonham Carter, Anne Hathaway et Sarah Paulson se partagent l’affiche d’«Ocean’s 8».
(WARNER BROS) Sandra Bullock, Cate Blanchett, Rihanna, Mindy Kaling, Awkwafina, Helena Bonham Carter, Anne Hathaway et Sarah Paulson se partagent l’affiche d’«Ocean’s 8».

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